Malevil

Roman de Robert Merle.

Une bombe explose et ravage presque tout sur son passage. Parmi les survivants, Emmanuel, propriétaire du château restauré de Malevil, et quelques-uns de ses amis, Colin, Peyssou, Meysonnier, La Menou, Momo et Thomas. Protégés par l’épaisseur des murs de la cave où ils tiraient du vin, ils pensent pendant longtemps être les seuls rescapés du feu dévastateur et s’organisent sans trop savoir pourquoi. « La marche en avant des siècles s’est interrompue. Nous ne savons plus où nous en sommes et s’il y a encore un avenir. » (p. 4) L’habitude et la volonté de survivre prennent le dessus et la petite communauté s’accroche à chaque signe : le retour d’un oiseau, la pluie et le soleil après des mois de ciel gris, la découverte d’un cheval. « Si on est vivant, c’est pour continuer. La vie, c’est comme le travail. Mieux vaut aller jusqu’au bout que non, pas le laisser en plan quand ça devient difficile. » (p. 85) Nourrissant pendant un temps l’espoir que d’autres personnes aient survécu, la communauté de Malevil en vient à le redouter quand le château fait l’objet d’attaques. « Malevil a été conçu comme une place forte inexpugnable où une poignée d’hommes en armes pouvait tenir en respect un grand pays. Rien de courbe, rien d’élégant. Tout est utile. » (p. 31)

Ce roman post-apocalyptique aux allures très nettes de robinsonnade a plutôt bien enduré le passage du temps, si ce n’est la langue qui accuse un sérieux coup de vieux par moment, avec des régionalismes et des tournures de phrases très désuètes. Je retiens surtout la réflexion qui entoure le mariage et la monogamie : ces institutions sont forcément remises en cause quand le nombre de femmes est inférieur à celui des hommes et que l’avenir de l’espèce est menacé. « L’homme est la seule espèce qui puisse concevoir l’idée de sa disparition et la seule que cette idée désespère. Quelle race étrange : si acharnée à se détruire et si acharnée à se conserver. […] Comme quoi […], ça suffit pas de survivre. Pour que ça t’intéresse, il faut aussi que ça continue après toi. » (p. 113) Et tout au long de son texte, l’auteur propose une critique assez subtile de la religion et de ses dérives : face à un cataclysme, d’aucuns sont propices à se tourner vers une puissance supérieure et à se laisser abuser par de faux prêcheurs prêts à tout pour asseoir leur domination. Mais qui dit fin d’un monde dit naissance d’un nouveau, et il est justement possible de tout réinventer en se débarrassant des chaînes du passé.

Je vais chercher l’adaptation cinématographique de ce roman, en espérant qu’elle soit aussi plaisante que le texte.

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