Bande dessinée de Stephen Desberg. Illustrations d’Emilio van der Zuiden.
Monique a 20 ans quand elle arrive à Paris. La guerre est partout en 1941, mais la jeune provinciale veut vivre sa liberté nouvelle. Elle danse dans les caves au son du piano de son ami Gin, noir américain juif et gay. Elle épouse Francis quand elle se découvre enceinte. Et ainsi, mère et mariée, elle se sent prisonnière. « Captive des nuits où je ne pouvais plus courir rejoindre mes amis, où je devais serrer Nicole contre moi, au fond d’un abri de métro. » (p. 55) Quand la Libération se fête dans les rues parisiennes, Monique rencontre Robert, soldat américain. L’amour est le plus fort : pour lui, la jeune femme est prête à tout, même à renoncer à Nicole. Mais les années passent, et devenue mère à nouveau, Monique ne peut oublier son premier enfant. « J’ai abandonné tous mes droits à être sa maman. Qui peut effacer un papier signé sans assez d’amour ? » (p. 77)
L’auteur s’est inspiré de l’histoire de sa mère pour imaginer son œuvre. Si le personnage de Monique est touchant, femme qui veut retrouver son enfant et la mère qu’elle est au fond d’elle, j’ai surtout été bouleversée par la belle Manon, la trop belle Manon, résolue à tout accepter, à être la putain des occupants tant que cela lui permet de sauver son enfant.
J’ai découvert Stephen Desberg avec la série du Scorpion. J’avoue avoir lu cette bande dessinée en attendant plus, mais avec plaisir tout de même.