Marie, étudiante en histoire de l’art, avait besoin d’un petit boulot pour payer ses études et son loyer. Dans le sex-shop pas loin de chez elle, elle trouve un emploi de nuit. La voilà vendeuse au royaume des accessoires en tout genre, du lubrifiant, des DVD érotico-pornographiques. Vendeuse seulement ? Oh non, elle est aussi baby-sitter, pet-sitter, secouriste, psychologue, guerrier jedi, conseillère hors pair. « Les vendeurs sont là pour examiner vos symptômes, faire un diagnostic et vous donner une ordonnance. La visite au sex-shop est un peu un suppositoire : au début, c’est désagréable, mais on se sent mieux après. » (p. 21)
Les histoires de Marie sont vraies et hilarantes, mais avant tout humaines et souvent touchantes. Face au désir et au plaisir, il n’est pas toujours facile d’assumer des pulsions qui sont pourtant très naturelles. Dans de courts récits de ses diverses expériences avec la clientèle noctambule/gênée/décomplexée/incognito (rayez la mention inutile), elle s’attaque, à grand renfort d’eau chaude et d’huile de coude, aux clichés qui entourent encore les sex-shops pour les décrasser et les faire voler en éclats. Le sex-shop se renomme love store et on est loin des boutiques sombres tenus par des patrons bedonnants et libidineux. Le sexe est un commerce, et comme on sait, le plus vieux du monde. Dans la société de consommation qui nous entoure, il était inévitable qu’il se pare de néons et s’installe dans des gigastores. Les vendeurs/vendeuses, en revanche, n’y sont pas consommables. On peut regarder, mais on ne touche pas. « C’est un métier noble, semblable en tout point à celui d’un psychiatre et d’un sexologue, le remboursement de la Sécu en moins ! » (p. 51)
Marie Dampoigne est de mes très chères amies et je l’ai toute entière retrouvée dans ces pages, surtout son ton qui oscille entre érudition, humour fin et gouaillerie, titi parisien avec un master en histoire de l’art et un diplôme ès sex-shop ! Ne me reste plus qu’à pousser la porte d’un de ces magasins puisqu’après tout, là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir ! Je vous laisse sur la phrase qui m’a fait cracher ma citronnade (et non pas ma purée, bande de dégoutants !) sur ma liseuse ! Et la citronnade, c’est un peu poisseux… « Vous avez du lubrifiant issu du commerce équitable ? » (p. 41) Mais comme dit l’un de mes amis : le sexe, ce n’est pas sale, sauf quand c’est bien fait.