Bande dessinée de Barbara Baldi.
La comtesse de Flintham vient de mourir. Au cœur de l’hiver 1850, après le décès de leur aïeule, ses petites filles Clara et Olivia se déchirent au sujet de l’héritage : Clara obtient le manoir et Olivia une somme d’argent conséquente, mais cette dernière se sent lésée et part à Londres, laissant à sa sœur le soin du domaine. Rapidement, tout vient à manquer. Clara sacrifie tout ce qu’elle peut, même sa passion pour la musique, pour Flintham Hall Manor ne tombe pas aux mains d’étrangers. « Vous pourriez poursuivre vos études et devenir concertiste. » (p. 14) Est-il normal que tout réussisse à Olivia alors que Clara, restée droite et juste, se voit dépouillée de tout, jusqu’à sa dignité ? Évidemment, question rhétorique. Sans être manichéenne, l’histoire est très symbolique et les destins assez prévisibles. Mais cela ne retire rien à la qualité de cette œuvre qui offre de précieux moments de contemplation.
Il y a de longues pages sans dialogue, où l’image seule a droit de cité, et où chaque dessin devient un tableau violent comme un air de Beethoven ou mélancolique comme une mélodie de Debussy. La dureté des hommes et la caresse glaciale de la nature font de cette bande dessinée une œuvre belle et violente au même titre qu’un roman des sœurs Brontë.