Roman de Marie Sizun.
La petite, tout juste quatre ans, vit avec sa mère, une femme fantasque qui l’adore. Pour la petite, il n’y a qu’elles deux, et le bonheur au quotidien. Mais brutalement, la réalité et les contraintes font irruption dans l’existence simple et joyeuse de l’enfant. Nous sommes en 1944. Le père de la petite, prisonnier depuis des années, retrouve le foyer familial. Et l’ordre est bouleversé. Le lien d’amour fou et exclusif qui unissait la petite à sa mère se brise. La petite se met d’abord à haïr ce père qui lui vole l’affection de sa maman, à craindre cet homme aux colères terrifiantes, à détester cette rigueur qu’il impose dans son quotidien léger. Mais imperceptiblement, cette rage fait place à un sentiment puissant: la petite offre à son père un amour inconditionnel, fait d’admiration et de confiance. Le foyer recomposé et apaisé pourrait être heureux. Mais la petite, sans le comprendre, brise l’harmonie et fait partir ce père dont elle ne peut désormais se passer.
Court et efficace, il se lit vite. J’ai un peu buté sur la répétition de « la petite », mais c’est essentiel au récit. L’enfant ne s’appelle pas « France », mais « la petite ». Tout s’enchaîne à merveille. Le récit, du point de vue de la petite, est limpide comme l’est une conscience d’enfant. Tous les indices du drame familial sont habilement semés. C’est un texte qui se lit vite, mais il faut y prêter une grande attention et ne pas négliger la grande sensibilité qui transpire entre chaque phrase et chaque cri de la petite.