Roman de Jean Teulé.
24 octobre 1415, l’armée française de Charles VI et l’armée anglaise d’Henry V se préparent pour la bataille. La première est confiante, grosse de plusieurs dizaines de milliers d’hommes. La seconde est épuisée par des mois en pays ennemi, récemment décimée par des moules pas fraiches. « Le nombre que nous formons est celui que le destin a décidé. » (p. 86) Et cette fichue pluie qui n’en finit pas de détremper le sol !
Le camp français ripaille toute la nuit, tandis que le camp anglais, soumis à la plus stricte austérité, remet déjà son âme à Dieu. Mais le destin est taquin et, une fois encore, on voit que ce n’est pas la taille qui compte. L’immense armée de Charles VI est embourbée dans un sol traître, éblouie par le bas soleil d’automne et encombrée d’armures malcommodes. En face, la petite troupe anglaise a tout loisir d’enchaîner les rafales de flèches. Le 25 octobre 1415 au soir, c’est plié : l’armée française est en déroute. Azincourt reste dans les mémoires comme le symbole d’une raclée, d’une branlée, d’une déconfiture, d’une sacrée déculottée !
Je retrouve avec ce roman historico-comique toute la verve de Jean Teulé : le style est enlevé, plein de faconde, grivois à plaisir, vulgaire dans les limites du raisonnable. L’auteur fait parler les personnages historiques, entre vieux français, english approximatif, poésie et prières à la va-vite. Cette lecture est plaisante, mais ce n’est certainement pas le texte que je préfère de l’auteur. Heureusement, Fleur de Lys, la belle prostituée, est le personnage le plus intéressant de ce roman. Entre deux soudards français, elle voit ce qui se trame : elle analyse les défauts du champ de bataille, au désavantage des Français, et se souvient des batailles passées. Cette Cassandre de ruisseau n’est évidemment pas prise au sérieux et assiste à la (double) débandade des Français. C’est bien pour elle que j’ai continué ma lecture.