Après deux éloges consacrés au chat, l’autrice s’intéresse au meilleur animal de tous les temps, j’ai nommé le lapin. Vais-je être objective et mesurée dans ce billet ? Probablement pas. Mais je fais ce que je veux, je suis sur mon blog !
Les animaux sont souvent au cœur des romans de Stéphanie Hochet. Pas comme de simples figurants, mais comme des personnages dont il faut tenir compte. Et c’est bien le cas du lapin, animal très marginal des bestiaires officiels et pourtant très présent dans tous les médias, des gravures antiques aux tentures médiévales et des parchemins des monastères aux grands écrans des cinémas.
Le lapin, c’est immédiatement une image de douceur dodue, mais aussi de vitesse agile. Anodine et inintéressante, cette bestiole aux longues oreilles ? Certainement pas ! Elle concentre des contradictions fascinantes. « On se trouve déjà devant une aporie : comment cet animal souvent qualifié de nuisible et chassé frénétiquement pour cette raison peut-il incarner le plus doux des héros ? Autre paradoxe : comment cet animal, favori des gamins, peut-il être si irrésistiblement associé à la sexualité ? » (p. 13)
Stéphanie Hochet convoque une bibliographie qui, à quelques titres près, est exactement la mienne ! Elle passe en revue les incarnations fictionnelles du léporidé, tant dans la bande dessinée que dans la peinture. Ainsi, de Watership Down à l’île d’Ôkunoshima en passant par Playboy, elle propose un tour du monde/panorama culturel plutôt exhaustif des représentations de cet animal si charmant. Avec lucidité, l’autrice retrace l’histoire souvent malheureuse du lapin, longtemps chasse gardée des nobles, puis soumis à la haine populaire quand il a envahi certaines régions, voire pays. Le gentil Jeannot reste une proie, un gibier courant et très familier. Son inhérente fragilité est palpable : si ses puissantes pattes arrière peuvent l’emporter à toute allure, sa chair tendre sous un pelage plus doux que résistant lui est fatale. Et dans l’absolu, nous humains ne valons pas bien mieux. « Ainsi, nous sommes tous de potentiels lapins, il suffit d’une mauvaise rencontre. » (p. 124)
J’ai dévoré cet essai en une soirée. Et la relecture est déjà prévue, car j’anime une rencontre avec Stéphanie Hochet dans la librairie lilloise Place Ronde le 10 décembre. Retenez la date !