Roman de Tiffany Tavernier.
« Nous nous aimons si fort, pourquoi cet acharnement à démolir notre union ; n’y a-t-il pas assez de désespoir dans le monde ? » (p. 10) Alice est aveugle à la vérité : le si bel amour qu’elle croit vivre est une relation d’emprise. Son si beau et si fort compagnon n’est qu’un homme violent, menteur, abusif et cruel, au comportement et aux exigences changeantes. Alors que le couple vient de s’installer à Paris, lui la presse de trouver un emploi. « N’est-ce pas lui qui lui avait demandé de tout arrêter ? » (p. 17) Timide et repliée sur elle-même, marquée par le souvenir d’une radieuse enfance au Guatemala, Alice se force dans le monde et, presque par hasard, est embauchée par le diocèse de Paris pour gérer le promotorat des causes des saints. Au hasard des dossiers, elle découvre des vies extraordinaires, consacrées à Dieu, aux autres et à l’amour. Cela l’inspire à se dépasser toujours plus pour sauver sa si précieuse relation et arracher son compagnon à ses démons. « Puiser au fond d’elle cette douceur infinie qui lui a tant manqué et que, à travers ses cris, il lui réclame. » (p. 34) Mais il faudrait un miracle… Tout n’est même pas assez pour cet homme dont la violence augmente à chaque crise : chaque effort d’Alice est vain, et même la très grande promesse d’un bonheur familial ne peut pas sauver un amour qui, en réalité, n’existe pas.
Cette lecture me parle à bien des titres. J’ai travaillé dans un diocèse pendant quelque temps et j’ai vécu une relation avec un homme cruel. C’est rare, les livres qui consolent et guérissent des morceaux d’âme : c’est le cas du roman de Tiffany Tavernier. Je l’ai lu avec avidité, parfois le souffle suspendu tant j’y trouvais des briques pour consolider mon édifice intime. Je vais laisser passer un peu de temps, mais il est certain que je lirai d’autres textes de cette autrice, mais surtout que je relirai En vérité, Alice.