Pièce de Marguerite Duras.
Il est question d’une femme, veuve d’un colon français, mère de deux enfants, ancienne institutrice et déterminée à cultiver sa concession en bordure du Pacifique. « Faute d’arriver à fléchir les hommes, la mère s’est attaquée aux marées du Pacifique. » p(. 23) Cette histoire, Marguerite Duras l’a déjà racontée. Elle la porte ici sur scène. C’est encore une fois le récit de la pauvreté, lourde comme la boue saturée de sel dans laquelle rien ne pousse. Ici, les enfants s’appellent Suzanne et Joseph et il est aussi question d’un homme plus âgé fou d’amour pour la petite qui ne veut pas quitter les siens et qui ne pense qu’à l’argent.
L’Éden Cinéma, c’est avant tout une ambiance musicale, un rappel du temps d’avant la concession, d’avant la misère. Les didascalies sont éloquentes, aussi précieuses que les répliques. « La mère – objet de récit – n’aura jamais la parole sur elle-même. » (p. 12) C’est en effet la place de la figure maternelle dans les textes de Marguerite Duras. La mère est bien présente sur scène, en dépit de sa mort annoncée. Le récit la concerne, mais il l’emporte, comme les marées de l’océan mal nommé qui écroulent les piètres barrages.
J’aimerais voir ce texte sur scène et entendre sonner les mots de cette autrice que j’aime tant.