J’accuse [France]


Pièce d’Annick Lefebvre.

Cinq femmes se succèdent sur scène. « Il n’y a pas vraiment de lieux, juste une spirale sociale qui avale tout. » (p. 6) Il y a la Fille qui implose, la Fille qui agresse, la Fille qui intègre, la Fille qui adule et la Fille qui aime. Qui sont-elles ? Nous les croisons sans les voir, ces femmes : l’aide-soignante qui veut mettre de la couleur dans le gris, la cheffe d’entreprise à bout de fatigue, la Française racisée qui n’en peut plus du racisme systémique, la fan qui défend son droit à adorer une star et la dramaturge en détresse. Ce sont cinq solitudes tonitruantes et déclamatoires qui nous lancent au visage ce que nous essayons souvent de ne pas voir et de ne pas entendre. Cinq voix hurlent pour ébranler le banal et le ridicule et pour montrer leur fragile beauté, dans un monde qui s’obstine à penser uniquement en termes de performances et de réussite.

Les cinq monologues se lisent d’une traite, à l’image de leur déclamation en un souffle. Ils m’ont fortement remuée et émue. Je me suis un peu retrouvée dans chacune de ces femmes et aussi dans l’autrice qui n’est pas tendre envers elle-même, par personnage interposé. Il y a de la violence dans ce texte, mais c’est une violence purgative, exutoire, une violence qui libère et qui guérit un peu des violences sociales que l’on subit. Cela doit être saisissant de voir la pièce sur scène ! Je range évidemment ce texte sur mon étagère de lectures féministes.

Je termine avec deux citations qui résonnent très fort en moi.

« Je les admire, moi, nos queens du drag, parce qu’elles savent, comme moi, qu’une existence de luttes, ça doit s’accompagner d’une pléthore de couleurs revigorantes. » (p. 12)

« La femme Française Noire qui sent et qui se sait, inexorablement et implacablement, en exil sur la terre où elle est née. » (p. 43)


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