Essai de Mona Chollet.
Mona Chollet a décortiqué presse féminine, séries télévisées, publicités et stratégies marketing, blogs, sites Internet, enquêtes, témoignages de mannequin et autres. Elle en tire un état des lieux peu réjouissant de la position de la femme, des combats qui restent à mener et des paradoxes de la féminité. « La théorie de l’exception française suit toujours le même schéma discursif : on commence par concéder qu’il reste des progrès à faire, sans trop se fouler non plus pour dissimuler que ça ne nous empêche pas vraiment de dormir, puis on enchaîne très vite en soulignant les progrès inouïs qui ont quand même été accomplis. On en conclut que, dans ce contexte éminemment satisfaisant, celles qui continuent le combat ne peuvent être que des mégères enragées et hystériques que seul le ressentiment fait jouir, et qui cherchent à obtenir un traitement de faveur plutôt que l’égalité (puisqu’elles l’ont déjà !) » (p. 9)
À force de modèles illusoires et inatteignables, l’injonction de la féminité devient une menace de mort : c’est en cela que la beauté est fatale. Et les bonnes intentions, qui souvent tournent mal, ne suffisent pas à briser les spirales de haine de soi et d’autodestruction. Et tant que l’apparence – formatée, uniformisée, contrôlée – restera pour beaucoup la valeur première, la diversité féminine sera menacée. « Personne ne peut résister à cette scrutation de ses moindres défauts physiques, évalués selon des critères de plus en plus irréalistes. » (p. 209) Beauté fatale parle de surconsommation, de régimes, de chirurgie esthétique, de mode, de troubles alimentaires, d’histoires sordides ou encore de violences en tout genre.
Clairement, je rends très mal hommage à cet excellent texte et à la démonstration de Mona Chollet. L’argumentaire est dynamique, abordable, intelligent et nourri de références pertinentes. J’aurais pu recopier toutes les phrases et les apprendre par cœur ! Voilà une lecture nécessaire et urgente, à mettre sous tous les yeux, qu’ils soient masculins, féminins, jeunes, vieux, myopes… Parce qu’il ne s’agit pas (que) d’être belle, mais surtout d’être.