Bande dessinée de Sam Bernett (scénario) et Jean-Marie Gessat (dessins). Adaptation de la biographie de Jim Morrison par Sam Bernett.
Quatrième de couverture par Sam Bernett : « Jim Morrison a passé les trois derniers mois de sa vie à Paris. Il est mort d’un arrêt cardiaque, foudroyant, provoqué par l’inhalation d’une dose massive de drogue dans la nuit du 2 au 3 juillet 1971, au Rock’n Roll Circus. Son entourage a préféré le « faire mourir » chez lui, dans sa baignoire, dont acte… J’ai eu la chance de rencontrer régulièrement Jim Morrison au Rock’n Roll Cicus, une discothèque de Saint-Germain-des-Prés que j’avais créée et que j’animais. Jim appréciait particulièrement cet endroit où toute la faune musicienne internationale de l’époque aimait à se retrouver. Nous bavardions souvent ensemble au cours de ces soirées lorsque son état le permettait. Jim buvait énormément et se défonçait sans limite, de sorte que certaines conversations pouvaient surréalistes comme d’autres étaient tout simplement sublimes. Je vous propose donc, en lisant Jim Morrison, ailleurs, de retrouver le florilège incomplet de nos conversations. Un fragment de l’histoire véritable de la vie de Jim Morrison et donc par conséquent une histoire pleine de mystère et de poésie. À une époque qui ne préfigurait en rien encore l’immortalité du chanteur et celle du poète. »
Le Jim Morrison que l’on croise dans ces pages est perdu, débauché, ivre, drogué et poursuivi par la justice. Le poète est sacrément maudit, mais il porte l’anathème avec panache. Grandeur et décadence. Grandeur dans la décadence. Aussi misérable soit-il, Jim Morrison est toujours nimbé d’une aura diabolique et superbe. Il se moque un peu de la justice et il brandit sa vie de débauche comme une catharsis : « Mes procès sont aussi la façon qu’à la société d’assimiler l’horreur. » (p. 19)
Sam Bernett propose sa version de la mort de Jim Morrison. Faut-il y prêter foi ? La réfuter ? Ce n’est pas le plus important. Ce qu’il convient de regarder, c’est la trajectoire d’une destinée qui a pris pied dans le spectacle de la mort, dès l’enfance. « Dans la vie, j’ai eu le choix entre l’amour, la drogue et la mort ! J’ai choisi les deux premières et c’est la mort qui m’a choisi ! » (p. 48)
Entre Paméla et Patricia, Jim Morrison est un bateau ivre. Avide de poésie encore plus que d’alcool, il escalade sans répit et sans raison les marches qui le conduisent vers l’art et l’expression de ce qu’il porte en lui. « Un homme en quête du paradis perdu peut paraître idiot à ceux qui n’ont jamais cherché le monde ailleurs. » (p. 33) Il ne cherche pas le sens, il est en quête de vie et d’expériences : « Ma poésie ne veut rien dire, elle ne fait que révéler des possibles ! » (p. 19) Voilà, ne cherchons pas d’explication, mais ouvrons toutes les portes. Allons ailleurs.
Le dessin est crayonné et la trace de la mine graphite se prête au récit : l’image est floue, hésitante. On croit saisir le visage de Morrison et déjà on le perd. L’image n’est pas vraiment en noir et blanc, la couleur disparaît dans des dégradés de gris et d’ombre, comme autant de volutes de fumée.
Je n’ai qu’un seul reproche à adresser à cette magnifique bande dessinée, c’est la traduction des chansons des Doors. On gagne en compréhension immédiate, mais les textes originaux ont une signification intrinsèque qui se perd si on traduit les paroles.
Si vous aimez les Doors et le sublime Jim Morrison, cette bande dessinée devrait vous régaler. Jim Morrison en BD, ce n’est pas nouveau ici. Rappelez-vous Jim Morrison, poète du chaos, l’excellent roman graphique de Frédéric Bertocchini. Et régalez-vous avec la bande annonce de l’ouvrage de Sam Bernett.