Jocelyn, Bernadette, Sylvia, Prudie, Allegra et Grigg décident de se réunir pour discuter des œuvres de Jane Austen. Chaque participant défend son roman préféré, mais surtout « chacun de nous possède sa propre Jane Austen. » (p. 13) Une fois par mois, et à raison d’un roman par mois, le club revient sur l’œuvre et sur l’auteure. Ces rencontres sont surtout l’occasion d’en apprendre un peu plus sur chacun. Ainsi, Sylvia est sur le point de se séparer de Daniel, son époux. Jocelyn n’aime rien tant qu’arranger des mariages. Grigg, seul homme du groupe, lit de la science-fiction. Bernadette pratique le yoga et se marie aussi souvent qu’elle divorce. Allegra est un casse-cou sentimental. Prudie est traversée de désirs plus ou moins avouables.
Et voici la particularité de ce récit. Toutes ces histoires sont « des histoires que nous n’avons pas entendues ». Le narrateur participe au club, mais il n’est jamais identifié comme l’un des membres. Il semble plutôt être une conscience collective, un « nous » qui se constitue en piochant un peu de chacun. C’est ainsi que le lecteur découvre des choses qu’il devrait ignorer quand le narrateur quitte la pièce. Toutefois, ce « nous » n’est pas vraiment anonyme : il est la voix du club, voix destinée à s’éteindre dès que le club cessera de se réunir.
D’un livre à l’autre et au fil des rencontres du club, le lecteur découvre les histoires d’amour de chacun. Désastreuses, ratées, minables ou bancales, ces relations sont passées au microscope. Comme Jane Austen était habile à créer des intrigues amoureuses complexes, le groupe d’amis témoigne que l’amour n’est pas plus simple au 21e siècle. Et surtout, il prouve qu’ « on n’est pas plus raisonnable quand on cesse d’aimer que lorsqu’on commence. » (p. 104)
Ce roman rend hommage à Jane Austen et à son œuvre. Karen-Joy Fowler s’applique à souligner toutes les particularités de l’auteure et ne néglige aucun de ses romans. Attention, si vous n’avez pas lu tous les textes d’Austen, passez en diagonale sur certains passages ! Sans aucun doute, on sent que l’auteure aime Jane Austen. Seul bémol : finalement, ce qui est surtout mis en avant dans ce roman, c’est la place de l’amour et l’importance de ses déboires (oui, ça fait marcher le monde, on le sait bien) : « Ce n’était pas la faute d’Austen si l’amour tournait mal. On ne pouvait même pas dire qu’elle ne vous avait pas prévenu. » (p. 106) J’aurais apprécié que le roman explore davantage le côté social de l’œuvre de Jane Austen.
Petit trait d’ironie : si, pour certains, les femmes qui lisent sont dangereuses, pour d’autres, l’homme semble analphabète, ou presque : « De plus, les hommes ne vont pas à des clubs de lecture, […] Pour eux, la lecture est un plaisir solitaire. En supposant déjà qu’ils lisent. » (p. 15)
Ce roman est, somme toute, très sympathique. J’en attendais davantage, mais il m’a offert un bon moment et quelques éclats de rire.
Il me reste à voir le film de Robin Swicord, film que j’étais convaincue de posséder… J’ai la mémoire qui flanche… En attendant de mettre (ou remettre) la main dessus, je vais lire les trois romans de Jane Austen que je ne connais pas : Mansfield Park, Northanger Abbey et Persuasion.