Suite du roman Les falsificateurs.
Après avoir presque quitté le CFR, le Consortium de falsification du réel, Sliv Dartunghuver a décidé de participer à sa modernisation, notamment en convainquant le COMEX d’abandonner les opérations de falsification physique pour passer à la falsification électronique. Sliv mène également des opérations d’envergure, comme obtenir l’indépendance du Timor oriental et son entrée dans l’ONU. « Ma mission au Timor m’avait donné un aperçu de la petite Histoire. Je tenais maintenant ma chance d’influence la grande. »(p. 152) Mais le CFR est ébranlé par les attentats du 11 septembre 2001 : est-il responsable du développement d’Al Qaida ? Aurait-il pu éviter la tragédie ? Peut-il encore empêcher les États-Unis d’envahir l’Irak ? « L’intérêt du CFR pour le terrorisme islamiste remontait au début des années quatre-vingt-dix. » (p. 47) Plus Sliv tente de comprendre la finalité du CFR et d’intégrer le COMEX, plus il se demande s’il peut continuer à servir cette organisation sans renier ses valeurs. Puis l’évidence se fait criante : il y a un traître au sein du CFR. Sliv doit l’identifier et le neutraliser avant qu’il compromette encore plus le Consortium, voire l’équilibre du monde. « Pensez-vous que la révélation de l’existence du CFR serait de nature à empêcher la guerre ? » (p. 333)
Avec le deuxième volume de son œuvre politico-uchronique, Antoine Bello interroge plus avant la puissance de l’information et la façon de la détourner pour servir des causes nobles ou sombres. Le mot fake news s’impose à la lecture de ce roman construit comme un thriller social et diplomatique. « Quand circulent plusieurs versions d’un même récit, les observateurs peinent tellement à débrouiller les circonstances de l’événement qu’ils en oublient de se demander si celui-ci a réellement eu lieu. » (p. 156) La conclusion du livre invite furieusement à lire sans attendre l’ultime chapitre des aventures de Sliv Darthunguver au sein du CFR.