En Normandie, Mme du Blossay appelle auprès d’elle son neveu Armand. La veuve cherche une compagne idéale pour le jeune homme. Dans les environs des domaines du Plantier réside Mademoiselle Célie de Merquem, vieille fille de trente ans, mais fraîche comme une adolescente. Orpheline et élevée de façon non conventionnelle par son grand-père, Mademoiselle Merquem a toujours refusé que le mariage soit le but qu’une femme doit atteindre. Décidée à ne pas se donner au premier venu ou à un homme qu’elle jugerait indigne d’elle, elle a plusieurs fois repoussé les demandes de son voisin M. de Montroger ou d’autres prétendants.
Rapidement, Armand s’éprend de la belle voisine et il est persuadé que son amour sera payé de retour. Mais il doit disputer la belle aux paysans et aux marins. En habit d’homme, Mademoiselle Merquem participe aux sauvetages en mer et n’est rien moins qu’une « idole de chair et d’os » (p. 108) pour le village. Marraine de chaque famille, génie tutélaire et affectueux d’une confrérie maritime, elle allie « le courage de l’homme et la grâce de la femme. » (p. 130) Mademoiselle Merquem dirige idéalement une petite société préservée où sa douceur et sa bonté sont unanimement reconnues.
Armand doit aussi vaincre les fantômes du passé de Célie. Une absence de 18 mois dans sa jeunesse fait jaser, comme le lien qui l’attache à un jeune orphelin, Moïse. Et il y a cet homme, le marquis de Rio-Négro. Sa présence dans la vie de Mademoiselle Merquem est une tâche tenace. Quand elle s’abandonne enfin au droit et au plaisir d’aimer en compagnie d’Armand, elle le met en garde : « Vous ne savez pas encore si je n’ai pas commis quelque autre faute plus grave que celle d’être ensorcelée par un chevalier d’industrie de bas étage. » (p. 199) Mais le temps et l’amour d’Armand vaincront les réticences et les peurs de Célie. L’ennemi le plus dangereux, en la personne du voisin le plus proche, est repoussé et le jeune couple s’installe dans un bonheur durable au sein d’une société aimable et charitable.
Entre terre et mer, Mademoiselle Merquem est une femme du monde dans le sens où rien de la nature ne lui est étranger. Si farouche envers les élans de son propre cœur, elle ne refuse jamais son aide et se donne en amitié à corps perdu. Sage et réfléchie, cultivée et curieuse de toutes les sciences, finalement capable de tracer son chemin sans la tutelle d’un père, d’un frère ou d’un époux, elle incarne la femme moderne chère à George Sand.
Mais alors pourquoi ce roman m’a-t-il tant ennuyée ? Moi qui ne rue jamais devant les longues descriptions, les déclarations interminables et les lettres enchâssées dans un récit, j’ai baillé pendant les quelques 320 pages du texte. Armand m’a prodigieusement agacée : encore un homme qui croit qu’aucune femme ne peut lui résister ! Bien sûr, il doit lutter et prouver sa valeur pour conquérir Mademoiselle Merquem, mais tout de même, quelle fatuité ! Globalement, le monde rural utopique dépeint par George Sand ne m’a pas séduite : tant de bons sentiments et d’aimable compagnie, c’est un peu étouffant. Je me sentais prête à attaquer tous les romans de l’auteure, mais je vais différer et digérer d’abord ce pavé un peu écœurant…