Textes illustrés de John Lennon.
Quatrième de couverture – Son talent pour les mots a toujours contribué au charme des Beatles. Et il ne s’est pas manifesté uniquement en chansons, car John Lennon a publié deux livres, dont le premier, En flagrant délire, est paru en 1964. Depuis son enfance, à Liverpool, Lennon a toujours eu la manie de griffonner – des poèmes, des saynètes, des parodies. Quand en pleine beatlemania, un éditeur lui propose de réunir ses écrits en un volume, il se met à rédiger et à dessiner comme il ne l’avait pas fait depuis l’Art College pour proposer au total trente et un textes illustrés. Pastiches d’auteurs célèbres (de Stevenson à Enid Blyton), fantaisies pleines de nonsense, jeux de mots et autres explorations linguistiques inspirées des pratiques surréalistes… Le résultat est un exemple très personnel de virtuosité littéraire dans lequel s’incarne l’humour de Lennon, parfois noir et grinçant, parfois léger, toujours décalé. À sa parution, le livre remporte un triomphe critique et public, asseyant définitivement le jeune auteur dans sa position de Beatle intellectuel. Tom Wolfe, notamment, n’hésitera pas à le qualifier de « génie sauvage. » Il est rare qu’une quatrième de couverture me satisfasse suffisamment. Celle-ci est remarquable : elle présente l’ouvrage sans déflorer le sujet, elle donne des indications mais ne mange pas le morceau.
Cet ouvrage d’un des garçons de Liverpool est vraiment drôle, mais également épineux. J’ai lu la version française et la page de garde promet une découverte qui se mérite : « tentative désespérée de traduction par Christiane Rochefort et Rachel Mizrahi. » C’est en effet un défi colossal qu’ont relevé les traductrices. À lire la version française, à rire chaque bon mot et à réfléchir devant chaque ingéniosité littéraire, on se doute que la version originale doit être autant, sinon plus, savoureuse et que le travail de traduction a été titanesque. Pour que l’humour passe d’une langue à l’autre, il a fallu que les traductrices se fassent auteures et qu’elles délaissent la traduction au profit de l’imagination.
Les illustrations de John Lennon ne demandaient aucune traduction. On est ici dans l’immédiateté de l’art visuel. Vu de loin, ces dessins passeraient pour des gribouillis d’enfant désœuvré, mais la mine grêle qui est à l’œuvre a tracé des petits bijoux d’humour et de finesse. Quelques coups de crayon accompagnent les contes et saynètes.
L’humour est omniprésent, comme le mentionne la quatrième de couverture. On ne s’esclaffe pas. On rit un peu jaune, comme un certain sous-marin. C’est un plaisir de découvrir un John Lennon sans son costume de Beatles. Ici, on rencontre un artiste, tout simplement. Et il n’en finit pas de nous charmer.