1999, Ned Giles, vieux photographe, revient sur l’année 1932. Il était alors un toute jeune homme d’à peine 17 ans. Tenté par l’aventure, il s’engage dans une expédition mexico-américaine qui part à la recherche d’un petit garçon enlevé trois ans plus tôt par les Apaches. Armé de son appareil photo, il veut saisir toute la grandeur de cette expédition. Dans des carnets, il note au fil des jours ses expériences et ses réflexions. C’est alors que son chemin croise celui d’une jeune Bronco Apache, la nina bronca, capturée par un chasseur de fauves : « cette enfant indomptée, différente, était issue d’une race d’hommes beaucoup plus ancienne, comme un vestige de temps immémoriaux. » (p. 33) Tout à l’exaltation de sa découverte de la photographie et plein de la fougue de la jeunesse, il ne pense d’abord qu’à prendre la vérité entre ses plaques et il fait de la nina bronca un portrait dont la réalité brutale fait sensation : « la nina bronca, pauvre petite créature affamée, lovée en position fœtale sur les dalles en pierre d’une cellule mexicaine, son corps nu traversé par l’ombre des barreaux qui dessine sur elle l’uniforme d’un forçat. » (p. 177)
L’expédition prend alors un autre visage : échanger la jeune Apache contre le fils Huerta enlevé par la tribu de la jeune sauvage. Ned Giles, accompagné d’une jeune anthropologue, de deux éclaireurs apaches, d’un fils de bonne famille et d’un majordome, entre en territoire indien, dans la Sierra Madre, pour ce qu’il pense être une aventure plaisante et humaniste. Mais pour les Apaches, la violence est une pratique quotidienne. Devant le recul de leurs terres et face à la politique anti-indien du gouvernement américain, ils mènent une vie de paria dans une rancheria isolée dans un défilé perdu. Le Peuple se meurt, le Pouvoir disparait et la culture ne peut survivre qu’en se mêlant. La loi des Apaches est simple : tuer pour vivre ou mourir. Une fois en territoire indien, les Blancs et les Mexicains ont peu de chance. « Tu ne comprends donc pas que, lorsqu’on arrive ici, il n’y a plus de retour possible ? » (p. 270) Pour Ned Giles et ses amis, il s’agit donc de survivre.
Les Bronco Apaches sont déjà une légende en 1932. On les dit magiciens, démons et sans pitié. Ils ne font pas tout à fait partie du monde des hommes et la nina bronca en est l’exemple parfait : « Elle planait, flottait comme un oiseau. Plus qu’une d’une autre race, elle était issue d’un ordre différent. » (p. 361) Le savoir des Apaches est pétri de nature et de connaissances millénaires. Avec un rare talent de conteur, Jim Fergus nous entraîne sur les pas des derniers vrais sauvages du Nouveau-Monde, là où le Far West porte bien son nom. Ce roman présente une expérience humaine hors du commun qui s’inscrit dans la lignée des mythes. La légende des Apaches commence à disparaître, comme celle des derniers hommes de valeur : Jim Fergus les saisit au vol et les préserve pour longtemps.