La guerre de 1914 a éclaté. Un jeune prodige inscrit au lycée Henri-IV déserte sa classe après avoir rencontré la jeune Marthe, mariée à Jacques, un soldat parti au front. Le garçon a à peine 16 ans, Marthe à peine 19 ans. Les deux enfants s’aiment follement. Marthe surtout est amoureuse et sincère. Pour le jeune narrateur, les choses sont différentes. « Manquer la classe voulait dire, selon moi, que j’étais amoureux de Marthe. Je me trompais. Marthe ne m’était que le prétexte de cette école buissonnière. » (p. 45) Le narrateur est avide de liberté. Il piaffe d’être un homme et s’engage à corps perdu dans cette relation adultérine.
Face au mari de Marthe, le garçon éprouve des sentiments ambivalents, entre haine et remords. La liaison entre lui et Marthe est bénie par la guerre, mais les deux amants savent que la paix détruira leur bonheur coupable. « L’amour, qui est l’égoïsme à deux, sacrifie tout à soi, et vit de mensonges. » (p. 69) Marthe est prête à tout sacrifier pour son jeune amour, mais le garçon est moins engagé qu’elle tout en exigeant les plus grandes preuves de la fidélité de sa maîtresse. Dans cette âpre éducation sentimentale, l’adolescent fait ses premières armes d’adulte. « Décidément, j’avais encore fort à faire pour devenir un homme. » (p. 79)
Ce récit est ouvertement autobiographique. Je l’avais lu quand j’étais adolescente et je l’avais trouvé exaltant. Cette fois, je me suis ennuyée et j’ai éprouvé un agacement sans fin pour le narrateur/auteur. Ce blanc-bec se moque de tout, qu’il s’agisse de l’honneur de sa maîtresse ou de l’avis de ses aînés. Être précoce, pourquoi pas, mais ça n’empêche pas d’être poli, non mais !
Le roman de Radiguet m’a rappelé les classiques du genre, tel que Le lys de la vallée de Balzac, Le rouge et le noir de Stendhal, L’éducation sentimentale de Flaubert ou encore Adolphe de Benjamin Constant. Décidément, je ne suis pas très sensible aux errements amoureux des godelureaux en mal d’amour.