Roman graphique de Jacky Beneteaud et Stéphane Courvoisier.
Un jour de pluie, une jeune fille se réfugie à la bibliothèque. Elle y remarque un homme qui est présent à chaque fois qu’elle revient, et qui écrit. Elle interroge l’inconnu qui lui dit que « tout pouvait être le début d’une histoire. » (p. 13) Au détour des rayonnages de la bibliothèque, elle observe à la dérobée cet homme solitaire. La jeune fille cherche un livre qui n’est jamais disponible. Son titre ? Pages intérieures. Il paraît que c’est un livre que tout homme devrait offrir à la femme qu’il aime.
Mais il existe une autre histoire, celle qui est vue par les yeux de l’homme. Pas tout à fait la même que celle de la jeune fille. « Ils devaient à un livre, à l’origine de leur rencontre d’avoir pu vivre deux fois ces instants passés l’un avec l’autre, avant que tout ne s’efface. » (p. 62)
On comprend que l’intrigue se passe dans le futur : les stylos sont devenus obsolètes et on utilise des objets électroniques qui traduisent directement la pensée. Un soir, un nuage toxique se répand sur la ville. La jeune fille et l’homme décident de rester à l’abri dans la bibliothèque. La rencontre se concrétise cette nuit. On attend l’histoire d’amour, elle est inéluctable. Mais ce qui compte, et c’est bien que montre superbement les auteurs, c’est la rencontre et tous les possibles qu’elle porte.
Entre gris et sépia, les images, sous forme de vignette, se présentent comme un puzzle ou un album photo. Le texte est rare, mais il ne manque pas. Les visages en disent long. Et c’est avec un plaisir intense que je suis entrée dans l’atmosphère feutrée de cette bibliothèque du futur, survivance de la littérature dans un monde brûlé par les gaz et dévasté par les cataclysmes. À tous mes amis qui croient aux secrets et aux miracles de bibliothèques, je conseille la lecture de ce bouleversant roman graphique.