Tome 1 : Le pistolero – Tome 2 : Les trois cartes – Tome 3 : Terres perdues – Tome 4 : Magie et cristal – Tome 5 : Les loups de la Calla – Tome 6 : Le chant de Susannah
Roman de Stephen King. Illustrations de Michael Whelan.
À la fin du tome précédent, Susannah/Mia accouchait enfin du fils de Roland. À peine né, Mordred fait sa première victime et semble ne voir le jour que pour contrecarrer la marche de son père. « Mordred compte te tuer, Roland […]. C’est son boulot. C’est pour ça qu’il a été conçu. Pour mettre fin à ta vie, et à ta quête, et à la Tour. » (p. 187) Si Mordred est si résolu à éliminer Roland, c’est parce qu’il est aussi le fils du Roi Cramoisi. Pour cet enfant-araignée aux deux pères et aux deux mères, le mal est la plus douce des berceuses. « Voici une créature capable de faire des dégâts considérables jusqu’aux confins les plus secrets de votre imagination. Rappelez-vous qu’elle est née de deux pères, tous deux de redoutables tueurs. » (p. 199)
Mais cette menace n’est pas la plus inquiétante : le ka-tet enfin réuni doit sauver Stephen King de la mort avant le 19 juin 1999 tout en neutralisant les Briseurs qui s’activent à détruire les Rayons qui soutiennent la Tour Sombre. Aidé de Ted Brautigan (que l’on a déjà vu dans Cœurs perdus en Atlantide) et d’autres briseurs révoltés, le groupe de Roland gagne la bataille d’Agul Siento et le Rayon lui dit grand merci. Hélas, la quête de Roland touchant à sa fin, son ka-tet est peu à peu décimé, comme s’il était définitivement écrit que le pistolero ne pouvait atteindre la Tour sombre que seul. Mais la rencontre finale avec le Roi Cramoisi achèvera-t-elle la quête du vaillant Roland ?
Quel dernier tome magistral ! Entre horreur et émotion, Stephen King sait clore avec brio un cycle qu’il a porté pendant plus de 20 ans. À la fois, démiurge et personnage, King met en abîme son œuvre et sa vie. Et une voix venue d’on ne sait où s’interroge : « Je me demande si Stephen King utilise ses rêves, quand il écrit. Vous voyez, comme levure, pour faire monter l’intrigue. » (p. 395) À mesure que l’on parcourt ce septième volume, la réponse est évidente. Dans ce dernier tome, Stephen King fait amende honorable pour avoir mis si longtemps à écrire et à conclure sa saga. Et il justifie les disparitions du tome 7 en battant sa coulpe, « tout ça parce qu’un homme paresseux et craintif a interrompu le travail auquel le ka le destinait. » (p. 528) Oui, attendez-vous à beaucoup de chagrin si, comme moi, vous vous êtes attachés à tous les personnages de cette histoire.
J’ai été fascinée par le personnage de Mordred. Dans la légende arthurienne, Mordred est le fils incestueux d’Arthur et de sa demi-sœur Morgause. Le principe est le même ici, même si l’acte sexuel n’a pas été direct entre Roland et Susannah (et non, je ne vous dirai pas comment !). De manière générale, Stephen King excelle dans le palimpseste et le tissage de son histoire avec des œuvres ancestrales.
Tel que vous me trouvez ici, à la fin de la lecture du septième tome du cycle de La Tour sombre, vous pourriez penser que je suis bien triste d’abandonner mes chers personnages. Pas complètement, en fait… Stephen King a écrit, quelques années après le tome 7, un dernier volume qui se place en fait après le tome 4. Ouf, encore quelques pages de bonheur avant de laisser définitivement la Tour sombre derrière moi !