Roman de Richard Bach. Illustrations de Gérard Franquin.
Jonathan Livingstone n’est pas un goéland comme les autres. Pour lui, voler ne se résume pas à zigzaguer entre les bateaux pour attraper un morceau de poisson ou de pain. « Pour ce goéland-là cependant, l’important n’était pas de manger, mais de voler. » (p. 15) Jonathan veut voler toujours plus haut, toujours plus vite, toujours plus loin, mais sa passion lui vaut d’être exclu de sa communauté qui ne comprend pas que voler peut être un but en soi. « Mais la vitesse, c’était la puissance, la vitesse était joie et la vitesse était beauté pure. » (p. 30) Loin des siens, Jonathan rencontre d’autres oiseaux pour qui voler à un sens. Auprès d’eux, il apprend à voler encore mieux et il expérimente le vol à la vitesse de la pensée.
Désormais, Jonathan veut transmettre ce qu’il sait. Quelques goélands le rejoignent et suivent ses conseils. Mais Jonathan veut surtout revenir près de sa communauté et délivrer les esprits de certaines lois ancestrales. « Il parla de choses fort simples, disant qu’il appartenait à un goéland de voler, que la liberté est dans la nature même de son être, que tout ce qui entrave cette liberté doit être rejeté, qu’il s’agisse d’un rite, d’une superstition ou d’un quelconque interdit. » (p. 105)
Ce très court roman déborde de poésie et de sagesse. Avec ses illustrations fines comme des estampes japonaises, cet ouvrage est d’une beauté saisissante, tant par son histoire que par son message. Certains m’ont dit que ce roman était trop complexe pour de jeunes lecteurs. Je pense au contraire qu’il faut leur mettre entre les mains et leur laisser en tirer ce qu’ils voudront. On y parle de liberté, de différence et de dépassement de soi. Jonathan Livingstone le goéland est un conte plein de force et de subtilité.