T. S. Spivet a 13 ans et une passion pour la cartographie, à tel point que les dimensions de sa chambre semblent bien insuffisantes. Il cartographie tout et n’importe quoi : l’épluchage du maïs, les romans, les insectes et toutes les manifestations du quotidien. Cette volonté encyclopédique de tout réduire à un système logique le rassure, lui qui est si souvent affolé par la complexité du monde. « Je devais constamment lutter contre l’étrange poids de l’entropie pour éviter d’étouffer dans ma chambre minuscule, remplie à ras bord des sédiments d’une vie de cartographe. » (p. 13) Ce petit génie est loin d’être le membre le plus étrange de la famille Spivet. Sa mère, le Dr Clair, est une entomologiste saugrenue obsédée par un insecte qu’elle traque depuis des années. Son père est un cow-boy taiseux qui n’entend rien aux sciences et aux recherches de son fils et de sa femme.
T. S. Spivet reçoit un jour un coup de téléphone qui bouleverse son existence. Pour avoir envoyé un dessin d’insecte à un grand institut scientifique, il a remporté le prestigieux prix Baird pour la popularisation de la science. Convaincu que sa famille ne peut pas comprendre sa réussite, il décide de partir seul à Washington pour récupérer son prix. Lesté d’une valise bourrée à craquer, il se lance dans une folle traversée de l’Amérique à bord d’un train de marchandises. Au cours de son vagabondage ferroviaire, il lit le journal d’Emma, son arrière-arrière-grand-mère et découvre une part inconnue de l’histoire de sa famille.
À Washington, T. S. étonne tout le monde par son jeune âge et ses aptitudes. « Comment apparaît un enfant prodige ? Toi, T. S., est-ce que tu avais une prédisposition innée, je veux dire est-ce que c’est quelque chose que tu avais dès le départ dans ton cerveau, ou est-ce que c’est quelqu’un qui t’a tout appris ? / Je sais qu’on naît tous avec une carte du monde dans notre cerveau. Une carte du monde entier. » (p. 371) Mais T. S. Spivet, bien que prodigieusement intelligent, doit encore comprendre l’essentiel, le vrai sens de la vie.
L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet est un excellent roman d’initiation pour les jeunes lecteurs, mais aussi pour les plus âgés. Ce livre est en outre un bel objet tant les multiples illustrations renforcent le plaisir de lecture. Voilà un livre de poche aux dimensions étonnantes, mais il fallait bien ça pour laisser toute leur place aux marges qui accueillent tant de croquis, de schémas et d’appareil métatextuel. L’ouvrage s’achève sur un entretien de Jean-Pierre Jeunet qui a adapté le roman au cinéma. Rien de tel pour me donner envie de voir le film !