Roman de Jean-Louis Marteil. À paraître en novembre.
Dans le sud-ouest de la France, la religion cathare a ses adeptes, ce que l’Église de Rome voit d’un mauvais œil. Le comte de Toulouse, Raymond VI, tolère cette religion, au grand dam de son épouse, Éléonore d’Aragon, fervente catholique. Raymond VI sait pouvoir compter sur ses vassaux en cas de guerre. Raymond de Termes et Pierre-Roger de Cabaret prendront les armes pour défendre leur foi s’il le faut. Mais ces chevaliers cathares préféreraient de loin que la paix subsiste. « Il fallait céder et s’humilier au risque de commettre des actes injustes, ou bien s’opposer à l’Église. » (p. 107)
C’est une jeune fille qui va mettre le feu aux poudres. Alix, fille d’Hugues de Carcassonne, est une enfant libre et un peu sauvage, déterminée à ne pas se laisser enfermer dans les activités féminines et à imposer sa voix et ses envies dans un monde d’hommes. Et en parlant d’hommes, il en est un qui a suscité une passion dévorante dans le cœur d’Alix. Il s’agit de Pierre-Roger de Cabaret, proche ami de son père et seigneur qui semble bien se moquer de l’attention que lui porte une donzelle qui se plaît à courir dans les bois. Sans le vouloir vraiment, Alix déclenche les hostilités en s’en prenant au légat du Pape venu négocier la reddition et la conversion des cathares. C’en est trop pour Philippe-Auguste qui autorise ses vassaux à se croiser et à partir en guerre sainte contre les hérétiques cathares. Et c’est ainsi que Béziers est massacrée, incendiée, suppliciée. « Dans l’armée de la croisade, nul, ou presque, ne douta que la main de Dieu venait de s’abattre sur la cité impie. » (p. 225)
Un grand merci à l’auteur qui m’a envoyé les épreuves de son livre. D’autres écrivains mêlent comme lui la grande et la petite histoire, mais il y a un supplément d’âme dans les romans de Jean-Louis Marteil tant il est manifeste qu’il aime et connaît son sujet. Ici, on ne retrouve pas l’humour barré que l’auteur a développé avec brio dans L’assassinat du mort ou l’ironie un brin anticléricale de La relique. Mais il y a une force qui n’est autre le respect que M. Marteil porte à ses héros : il les aime, ces cathares fiers et farouches, et il aime aussi cette bouillante Alix qui, par amour et par bravade, déclenche la guerre. Que cette héroïne ne soit que le produit de l’imagination de l’auteur n’est pas un problème : il fallait une étincelle pour embraser le roman historique et elle s’est incarnée en la personne d’Alix. L’auteur prend-il parti pour les cathares ? Comment ne le ferait-il pas ? Mais ce qui importe, c’est que la guerre, que certains osent appeler sainte, ne fait jamais de vainqueurs.
Et maintenant, il me faut attendre plus de cinq mois pour lire le deuxième volume de cette tétralogie historique qui s’annonce très prometteuse.