De là, on voit la mer

Roman de Philippe Besson.

Louise est écrivain. Pour créer en toute tranquillité, elle quitte Paris pour Livourne, laissant François, son mari, dans la solitude et l’attente. « Elle est sans amarres. L’unique attache est au livre en train de s’écrire. » (p. 22) Dans le chaud et troublant automne italien, Louise rencontre Luca, trop jeune pour elle. Pourquoi résister ? Elle entame une liaison avec cet homme qui pourrait être son fils. « Elle a la légèreté des femmes coupables ayant occulté leur culpabilité. » (p. 124) Mais à Paris, François n’en peut plus de cette absence et du doute qui s’insinue. « Un homme annonce à sa femme qu’il s’est jeté sous les roues d’une voiture simplement parce qu’elle lui manquait, simplement parce que cela lui fournissait l’opportunité d’être auprès d’elle à nouveau. »(p. 111) Désormais Louise doit choisir : sera-ce son mari, usé et éprouvé, mais rassurant et familier, ou son amant, jeune et insouciant, attirant comme l’inconnu et le renouveau ? « Elle ne pense pas non plus aux années qui les séparent afin d’occulter que ce sont les années qui les condamnent. » (p. 161)

La mer, cette étendue séduisante infinie, cet horizon inaccessible… Le roman de Philippe Besson est comme la mer, prometteur, mais il est finalement bien décevant. Souvent, en tournant les pages, j’ai douté que l’auteur aimât ses personnages, et moi, simple lectrice, je ne peux pas les aimer à sa place. Et comment apprécier Louise, cette femme qui n’agit qu’à sa guise, sans ménager les affections qui l’entourent. Un moment, j’ai pensé qu’elle aimait comme un homme : en réalité, elle aime comme une femme qui renie sa féminité, à la hussarde. « Elle n’obéit pas toujours aux canons de son sexe n’ayant jamais tenu la soumission et la délicatesse pour des qualités. » (p. 186) C’est une façon de faire, pas la mienne. De plus, je n’aime pas cette langue sans sentiment et ce style froid. Certes, l’auteur a le sens de la formule, mais ça ne suffit pas. Il y a bien la rengaine d’un vieux film qui donne une certaine épaisseur au texte, mais là non plus, ce n’est pas suffisant. L’histoire de Philippe Besson est belle comme une photographie sur papier glacé : malheureusement, ces images de magazines ne se laissent jamais pénétrer. Et le lecteur, en vain, cherche la porte.

Lecture dans le cadre du Prix Océans 2014.

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