Ben du Toit est un professeur sans histoire dans une école d’Afrique du Sud. Son quotidien vacille après l’arrestation et le meurtre de Gordon et Jonathan Ngubene. Le premier est le concierge de l’école où travaille Ben et il a trouvé la mort en tentant d’élucider les circonstances de l’assassinat du second, qui n’est autre que son fils. « Laborieusement, comme une fourmi, Gordon réunit des preuves, dans l’amour et la haine. » (p. 65) Ben du Toit est alors confronté à la corruption du système judiciaire et policier et il comprend enfin ce que signifie l’Apartheid qui frappe son pays. À son tour, il rassemble des preuves et des témoignages pour dénoncer les deux meurtres, les violences policières et le procès truqué. « Ne suis-je pas totalement inutile, en fait déplacé, dans un mouvement si vaste, si compliqué ? La seule idée d’un individu essayant d’intervenir n’est-elle pas absurde ? » (p. 201) De plus, sa peau blanche ne le met pas à l’abri des foudres d’un gouvernement hypocrite, cynique et inhumain. « Regardez ce que le gouvernement fait pour eux… et, en échange, ils brûlent et détruisent tout ce qui leur tombe sous la main. Pour finir, ce sont eux qui en font les frais. » (p. 80) Dans sa quête de justice et de vérité, Ben du Toit va perdre sa famille et son travail, mais il ne cédera pas devant les menaces et les intimidations.
La narration est portée par un journaliste, ancien ami de Ben du Toit, qui a mis en ordre les papiers laissés par le professeur après sa mort. Par recoupements et déductions, l’histoire se met lentement en place, contredisant les articles de presse et les rapports officiels. Ce qui apparaît est une vérité sombre et sordide sur un pays divisé, où les peuples sont séparés par une frontière invisible, mais dense qu’il ne fait pas bon franchir, ni vouloir abattre. Ben du Toit est une victime volontaire, un martyr qui se sacrifie pour une cause qu’il fait sienne, affirmant et proclamant ainsi que rien de ce qui est humain ne lui est étranger. Une saison blanche et sèche est une lecture coup-de-poing : le roman date de 1982, mais il n’a pas pris une ride, car si l’Apartheid est révolu en Afrique du Sud, il y a bien d’autres pays qui souffrent de ce genre de maux.