Roman d’Anne Brontë.
Gilbert Markham fait le récit de sa rencontre avec Mrs Graham : dans les lettres qu’il adresse à son ami Halford, ce gentilhomme campagnard revient sur l’arrivée dans le voisinage de la mystérieuse locataire de Wildfell Hall, ce vieux château presque abandonné. Pourquoi la belle et triste Mrs Graham fuit-elle la société de ses voisins ? Pourquoi est-elle si stricte et protectrice envers son jeune garçon, Arthur ? Le rapprochement est lent entre Markham et Mrs Graham, et sans cesse remis en question par les secrets qui pèsent sur le passé de jeune veuve. Quand cette dernière confie son journal au narrateur, elle lui offre son histoire et ses malheurs.
La vision de la femme dans ce roman est assez déprimante pour tout lecteur moderne. Voyons cela de plus près : « En matière domestique, deux choses seulement importent : les faire bien et les faire au goût des hommes de la maison ; […] c’est assez bon pour les femmes. » (p. 36) C’est tout le malheur de Mrs Graham, Helen de son prénom, qui a un caractère qui ne plaît pas à son mari. « Je tenais à lui prouver que mon cœur n’était pas son esclave, que je pourrais très bien vivre sans lui si je le voulais. » (p. 137) Et ça, son époux ne le supportait pas. Et tout est bien détaillé dans le journal de la jeune femme. Le dénouement est finalement très attendu, romantique à souhait.
Passons sur la construction très artificielle du roman, entre lettres et journal, et venons-en au problème majeur. Je ne cesserai jamais de vitupérer contre les mauvaises traductions des titres d’œuvres littéraires en particulier et artistiques en général. Le titre original est The Tenant of Wildfell Hall qu’il aurait fallu traduire par La locataire de Wildfell Hall. Qualifier de châtelaine celle qui ne fait qu’occuper temporairement les lieux est un abus dommageable puisqu’il donne au lecteur une idée trop élevée de la condition du personnage, condition certes avérée, mais qui n’est révélée que tardivement dans le roman. Il est primordial de considérer Mrs Graham avec compassion, voire avec pitié pour que les révélations de son journal aient l’effet escompté. Donc, saloperie de traduction du titre !
Dans l’ensemble, ce n’est pas une lecture déplaisante puisqu’elle m’a permis de côtoyer une nouvelle fois la moins connue des sœurs Brontë dont j’ai toutefois préféré le roman Agnes Grey.