Kungahälla est une cité disparue, ancien royaume des souverains de Norvège. Il n’en reste pas un mur, pas une brique. Et pourtant, cette ville a nourri des légendes et des mythes qui hantent l’espace déserté. Un voyageur à la recherche des ruines rencontre le souvenir des femmes qui ont marqué les lieux. Tout commence avec une nymphe – ou serait-ce une fille trop belle – qui séduit un notable romain. Vient ensuite une orgueilleuse et païenne reine suédoise qui pensait éblouir le très pieux roi de Norvège qui, heureusement, lui préférera la reine céleste. N’oublions la belle princesse d’Uppsala qu’un scalde aurait tant voulu voir mariée à l’illustre souverain norvégien. Margareta Fredkulla s’impose ensuite comme une reine d’apaisement et de pardon. « Je veux que vous vous rappeliez tous ce que je promets maintenant à Dieu et à tous les saints : tant que je serai capable de parler, tant que le sang coulera dans mon cœur, j’accomplirai des œuvres de paix. » (p. 100) Enfin, la reine de Ragnhildsholmen est sacrifiée aux caprices d’un souverain versatile.
Entre folklore nordique et rites chrétiens, les reines de Kungahälla sont les victimes d’amour contrariées et de conflit entre la Norvège et la Suède. Lien mythique entre les deux pays, la cité disparue est autant une frontière qu’un passage. Et les femmes qui ont forgé le lien s’imposent comme des martyrs mythiques dont les bardes n’ont pas fini de chanter les vertus.
Je connais bien mal les légendes nordiques, mais ce singulier roman est un bijou de poésie et d’imagination.