En 1862, le docteur Samuel Fergusson décide de poursuivre les explorations déjà menées en Afrique pour découvrir la source du Nil. Mais puisque la voie de terre semble impraticable, l’aventurier choisit d’entreprendre son périple à bord d’une montgolfière, la Victoria. Accompagné de son ami Dick Kennedy et de son domestique Joe, après de longs préparatifs, Samuel rejoint Zanzibar en bateau avant de lancer son aérostat dans les airs pour remonter jusqu’au nord de l’Afrique. Découvrant la faune et la flore du continent, rencontrant des tribus plus ou moins pacifiques et affrontant les difficultés techniques et météorologiques, le trio tente de mener son projet à bien et de trouver la mystérieuse source du plus grand fleuve africain. « Les nuages sont un danger pour nous ; ils renferment des courants opposés qui peuvent nous enlacer dans leurs tourbillons, et des éclairs capables de nous incendier. » (p. 165)
Entrons gaiement dans une Afrique fantasmée, à base de jungle rêvée et de paysages exotiques. Il est évident que la vision que Jules Verne a de ce continent est nourrie de récits de voyage, de peintures idéalisées comme celle de Delacroix et d’une imagination débridée. Quoi de plus normal que trois hommes préparant un éléphant pour le dîner ? Jules Verne, comme ses contemporains, cède au cliché du cannibale et des tribus sauvages et ignorantes. On baigne ici en plein colonialisme triomphant : la vaillance des Européens s’oppose évidemment à la violence aveugle des peuples indigènes. « Ce sont des sauvages, et qui sont habitués à manger de la viande crue. Voilà une coutume qui me répugnerait ! » (p. 299) Cinq semaines en ballon est un roman d’aventures très classique : l’intrigue est exaltante et les personnages exemplaires, mais le texte accumule des clichés qui sont difficilement acceptables pour un lecteur contemporain. On est en face d’un vrai voyage extraordinaire à bord d’une machine atypique qui utilise une technologie quelque peu mystérieuse.