Le tour du monde en quatre-vingts jours

Roman de Jules Verne.

Le calme et impénétrable Phileas Fogg prend le pari, face à ses camarades du Reform-Club de Londres, de réussir à faire le tour du monde en quatre-vingt jours, ainsi que l’a calculé le Morning Chronicle. Suivi de Passepartout, son domestique français tout juste embauché, il entame son périple avec un sac de voyage et vingt mille livres en bank-notes, bien décidé à respecter le délai qu’il s’est imposé. « Mais pour ne pas le dépasser, il faut sauter systématiquement des railways dans les paquebots et des paquebots dans les chemins de fer ! / Je sauterai mathématiquement. » (p. 28) Avec sa maniaquerie de l’horaire et son obsession de la montre, Phileas Fogg est un homme mécanique réglé comme une horloge chez qui la présence d’un cœur sensible semble bien improbable. « Il ne voyageait pas, il décrivait une circonférence. C’était un corps grave, parcourant une orbite autour du globe terrestre, suivant les lois de la mécanique rationnelle. » (p. 75) Et pourtant, quand il sauve la belle Aouda des flammes d’un bucher funéraire, le très flegmatique Phileas Fogg dévoile un peu de la tendre chair qui bat sous l’exacte régularité qui lui sert de carapace.

Entre le 2 octobre et le 21 décembre 1872, le voyage passionne les foules, mais aussi l’agent Fix de la police londonienne. En effet, par un quiproquo, Phileas Fogg est soupçonné d’être le voleur qui a dérobé des milliers de livres à la banque nationale. Tenace et procédurier, Fix suit à la trace les pas de Fogg et Passepartout. D’Égypte à l’Inde, de la Chine à l’Amérique, Fogg et ses compères sont des globe-trotters pour qui le voyage est une fin en soi : il ne s’agit pas d’atteindre, mais de progresser. En fait de globe-trotters, ils ressemblent surtout à la petite aiguille de la montre qui marque systématiquement l’avancée des secondes. Tout le monde sait la fin triomphale du voyage de Phileas Fogg, après un contretemps qui aurait pu être fatal à la fortune et à l’honneur du gentleman anglais.

Ici, Jules Verne célèbre les moyens de transport les plus efficaces de son époque et les prouesses techniques qui peuvent faire gagner des heures, voire des jours de trajet. On est bien loin du vol fantasque de l’aérostat de Cinq semaines en ballon. De tous les personnages, Passepartout a ma préférence : ce domestique a quelque chose du valet selon Molière, souvent en mauvaise posture, mais doué de ressources et de ruse. Et puis, il est français, hein ! J’ai vraiment beaucoup aimé ce voyage extraordinaire autour du monde.

Ce contenu a été publié dans Mon Alexandrie. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.