Paul Manning rencontre une branche familiale inconnue. Immédiatement sous le charme de sa jolie cousine, Phillis, il sait qu’elle ne sera jamais son épouse. « Qui ne l’aimerait pas, l’ayant vue comme je la voyais et pouvant apprécier ce caractère de jeune fille exceptionnel comme sa beauté ? » (p. 70) La jeune fille est instruite, savante, curieuse et dotée d’un caractère pur et noble, et elle éprouve pour ce nouveau cousin toute l’affection d’une sœur pour un jeune frère un peu turbulent. Le malheur viendra de ce que Paul introduit son ami Holdworth dans la paisible famille Holman. L’équilibre serein d’Hope-Farm en sera à jamais brisé.
Avec une originalité certaine, Elizabeth Gaskell fait le portrait d’une jeune fille idéale brisée par l’amour et l’inconstance d’un jeune homme qui s’est déclaré trop vite. La douce résignation et l’apaisement auquel elle se force après sa grande émotion sont superbement dépeints. Beaucoup comparent Elizabeth Gaskell à Jane Austen. Pour ma part, je ne vois rien de commun entre ces deux grandes auteures : la première reste grave quand la seconde insère avec subtilité une ironie dans tous ses textes. Si la comparaison ne tient pas selon moi, je reconnais l’immense talent des deux auteures et je refuse de choisir entre elles, comme cela semble être l’habitude chez certains lecteurs de textes britanniques.