Edda, Grace, Heather et Kitty sont les quatre filles du révérend Thomas Latimer. Elles ont grandi à Corunda, en Nouvelle-Galles-du-Sud. Edda et Grace sont jumelles, filles du premier mariage du révérend. Heather et Kitty le sont également, nées des secondes noces du pasteur. Maude, la mère des deux dernières, n’a jamais caché sa folle préférence pour Kitty, dont la beauté exceptionnelle frappe toux ceux qui la croisent. Mais entre les sœurs, point de jalousie. Les quatre filles s’aiment et se soutiennent envers et contre tous. « Comment aurait-il pu deviner la puissance des liens qui unissaient des sœurs, des jumelles plus encore ? » (p. 359) C’est ensemble qu’elles entrent à l’hôpital de Corunda pour devenir infirmières. Dans les années 1920, en Australie, la profession est en train de changer et l’ambition des filles Latimer ne pourra qu’en bénéficier. Chacune choisit alors son destin. « Leurs personnalités avaient modelé différemment leurs traits, et leurs regards ne se posaient pas sur le même horizon. » (p. 19) Grace préfère se consacrer à un époux et à une famille. Edda est déterminée à devenir la meilleure et à voyager pour oublier sa déception de ne pas avoir suivi d’études de médecine. Heather veut également se consacrer à son métier et ne pas s’encombrer d’un mari. Kitty hésite entre bonheur conjugal et indépendance. Les années passent, les sœurs restent soudées même si la vie écarte leurs chemins. « Comment pourrait-on faire l’économie du chagrin lorsqu’on perd la moitié de soi-même ? » (p. 100) Autour d’elles, alors que l’hôpital se modernise sous l’impulsion de son nouveau directeur, l’Australie souffre de la Grande Dépression.
Après avoir lu Les oiseaux se cachent pour mourir et L’espoir est une terre lointaine (méconnu, mais bien plus épique que le précédent), j’espérais un autre grand roman australien de Colleen McCullough, un texte passionné et passionnant. Hélas, ce roman est plaisant, mais sans profondeur. Il s’attache surtout à rappeler sans cesse, jusqu’à l’overdose, combien les sœurs Latimer se ressemblent, mais pas tant que ça. « Lorsque vous connaîtrez mieux les sœurs Latimer, vous vous rendrez compte qu’au sein de chacune des deux paires de jumelles les traits communs se trouvent nettement délimités chez l’une tandis que chez l’autre on les croirait un peu gauchis, déformés comme dans les miroirs concaves ou convexes des fêtes foraines. » (p. 198) Comme s’il était vraiment nécessaire de démolir à ce point le mythe selon lequel les jumeaux de même sexe sont identiques, copies conformes sans distinction, ni saveur. Mon regard sur la question est sans doute biaisé puisque j’ai un frère jumeau et deux petites sœurs jumelles qui n’ont ABSOLUMENT RIEN de conforme. Autre point que l’auteure répète encore et encore, c’est l’immense affection qui lie les quatre jeunes femmes. « Les filles du pasteur ne demandent rien d’autre que de voir leurs sœurs nager dans le bonheur. » (p. 388) Sorti de cela, le roman tente une réflexion assez maigre sur l’indépendance et l’émancipation des femmes. Bref, Les quatre filles du révérend Latimer offre un bon moment de lecture, mais bien décevant par rapport à d’autres romans de la même auteure.