Sur les hauteurs de Monterey, dans le quartier pauvre de Tortilla Flat, Danny hérite de deux maisons. C’est une véritable aubaine pour ce vétéran de la guerre sans ambition et sans projet. Aimant le vin par-dessus tout, abhorrant toute forme d’effort, il se laisse vivre, entouré de ses amis. Ce sont des coquins, des paresseux et des filous dont le seul talent est de toujours savoir où trouver un gallon de vin. « D’où viennent les sous pour payer un verre, le marchand de vin ne s’en occupe pas. D’où vient une messe, Dieu ne s’en occupe pas. Il les aime, exactement comme tu aimes le vin. » (p. 25) Danny, Pilou, Pablo, Jean-Maria, Big Joe Portagee et le Pirate sont des loosers magnifiques qui n’ont pas l’innocence et la grâce de Lennie et George, mais derrière leur apparence de vaurien, ils ont un cœur généreux où l’ivresse le dispute à l’amitié. Ils me rappellent Les Valeureux d’Albert Cohen, tellement jouisseurs, escrocs et bonimenteurs, mais aussi capables d’un altruisme incomparable. Tout aussi agaçants qu’attachants, les habitants de Tortilla Flat sont de ceux que l’on n’oublie pas.
Conclusion sur une image des femmes et de l’amour que je trouve extrêmement poétique, bien que très cynique. « Nous sommes trop souvent liés aux femmes par les bas de soie que nous leur offrons. » (p. 46) John Steinbeck me touche dans chacun de ses textes. Je ne peux que vous recommander La perle et Des souris et des hommes, mais aussi le monumental À l’est d’Eden.