Ophélie est une jeune fille timide et mal fagotée qui sait lire le passé des objets et traverser les miroirs. « Lire un objet ça demande de s’oublier un peu pour laisser la place au passé d’un autre. Passer les miroirs, ça demande de s’affronter soi-même. » (p. 63) Elle est fiancée à Thorn, du clan des Dragons, et doit quitter Anima pour la Citacielle, capitale flottante du Pôle. Elle accepte cette union diplomatique, mais est bien décidée à ne pas se laisser enfermer dans le rôle de l’épouse soumise. Mais c’est sans compter les dangers qui l’attendent dans cette contrée glaciale où s’affrontent des clans au sein d’une cour hypocrite et violente. Pour quelles raisons a-t-elle été promise à Thorn ? « Contentez-vous de l’épouser, de lui donner votre pouvoir familial et quelques héritiers. On ne vous demande rien de plus. » (p. 355) Qui sont ses alliés au Pôle ? Reverra-t-elle sa famille ?
Mauvais timing… J’aurais adoré ce roman si je l’avais lu plus jeune. J’aurais glissé sans réserve dans cet univers riche et complexe, sans tiquer devant l’abondance de sujets et de thèmes : objets animés, familles ennemies, pouvoirs extraordinaires, esprits familiaux surpuissants, journaux intimes mystérieux, etc. Hélas, avec mon œil un peu averti de vieille bique littéraire, je n’ai pas pu m’empêcher de voir du fouillis derrière le foisonnement. De même, j’ai senti venir de très loin les revirements de l’intrigue matrimoniale/amoureuse entre Ophélie et Thorn. « De Thorn, elle s’était attendue à tout. Brutalité. Mépris. Indifférence. Il n’avait pas le droit de tomber amoureux d’elle. » (p. 253) L’auteure nous épargne – du moins pour ce premier tome – une romance mièvre qui aurait été insupportable.
Il est patent que nous sommes en présence d’un premier roman : il y a du potentiel, mais également de nombreux défauts. S’il est important de caractériser un personnage, il est dommage que les traits soient poussés jusqu’au tic agaçant, d’autant plus quand il s’agit de rendre le protagoniste attachant. Je ne lirai pas les tomes suivants de ce roman qui a su trouver son public, dont je ne suis pas, et ce n’est pas si grave.