Cora accepte de suivre Caesar et de fuir la plantation Randall : leur espoir est d’atteindre le chemin de fer clandestin et de quitter la Géorgie vers un état, voire un pays où l’esclavage n’a plus cours. La bizarrerie de l’Amérique, c’est qu’ici les gens étaient des choses. » (p. 8) Cora a en tête l’exemple de Mabel, sa mère, qui a fui et n’a jamais été rattrapée par Ridgeway, l’impitoyable chasseur d’esclaves. « C’était bien contre la tombe que luttaient les fugitifs, car telle était leur destination si ces hommes l’emportaient et les ramenaient à leur maître. » (p. 59) Pendant quelque temps, elle pense avoir trouvé la liberté en Caroline du Sud, mais cela ne dure pas. Elle trouve un refuge précaire en Caroline du Nord, mais en est à nouveau délogée. Sa fuite semble ne pas avoir de fin, ni ses tourments d’apaisement. « Aucune chaîne ne rattachait les malheurs de Cora à sa personne ou à ses actes. Elle avait la peau noire et c’est comme ça que le monde traitait les Noirs. Ni plus ni moins. » (p. 206)
Ce roman se lit rapidement et sans déplaisir : il est rythmé et bien écrit. Les chapitres s’ouvrent sur des reproductions de récompense offerte pour la capture d’esclaves en fuite : elles glacent le sang et rappellent à tout moment que la situation de Cora est incertaine. Cependant, je n’ai pas pu m’empêcher de comparer ce roman à Racines d’Alex Haley : ce dernier balaie plusieurs générations d’esclaves et leurs descendants. En comparaison, Underground Railroad m’a semblé un peu fade, même s’il reste un très bon roman. Sur le même sujet, dans une moindre mesure, je vous recommande La dernière fugitive de Tracy Chevalier.
Et je vous laisse avec un terrible extrait du roman.
« Si les nègres étaient censés jouir de leur liberté, ils ne seraient pas enchaînés. Si le Peau-Rouge était censé conserver sa terre, elle serait encore à lui. Et si le Blanc n’avait pas été destiné à s’emparer de ce nouveau monde, il ne le posséderait pas. » (p. 78)