Texte d’Éric-Emmanuel Schmitt.
Depuis l’enfance, l’auteur est fasciné par la musique de Chopin et désespéré de la jouer si mal. Jeune étudiant à l’École normale, il décide de reprendre son apprentissage. « Je cherchais un professeur qui m’aiderait à résoudre le cas Chopin. Il m’obsédait. Sa lumière me manquait, sa paix, sa tendresse. La trace qu’il m’avait laissée, un après-midi printanier à l’occasion de mes neuf ans, oscillait entre l’empreinte et la blessure. Quoique jeune, j’en éprouvais de la nostalgie ; je devais lui soutirer son secret. » (p. 14 & 15) Ce professeur, c’est l’exigeante, excentrique, intransigeante et peu commode Madame Pylinsja. Effarée par ce géant qui voudrait s’attaquer à la délicatesse de Chopin, elle commence par l’éloigner du clavier et le soumet à des exercices originaux, pour ne pas dire extravagants. L’on apprend ainsi des techniques orgasmiques (lisez, vous comprendrez !) pour assouplir un jeu trop mécanique. Car pour percer le secret de Chopin, il ne faut pas pratiquer avec acharnement, mais savoir écouter la voix qui vient de soi ou l’histoire triste d’un proche qui a vécu un amour secret toute sa vie.
J’ai longtemps lu Éric-Emmanuel Scmitt du bout des yeux, trouvant sa prose jolie, mais inconsistante. J’ai récemment particulièrement apprécié La nuit de feu où il raconte une expérience spirituelle au désert. Avec cette nouvelle tranche de vie, il m’est encore plus sympathique, mais je retrouve des travers de certains de ses romans. L’histoire est charmante, les anecdotes aussi, néanmoins il m’en reste bien peu à la fin de la lecture. Enfin – et ce n’est pas de la faute de l’auteur –, je n’aime pas Chopin, je n’aime pas George Sand : le premier a produit une œuvre trop frêle à mon goût, la seconde a un style indigeste et pataud qui me reste sur l’estomac. Madame Pylinska et le secret de Chopin est surtout à prendre pour la leçon d’amour qu’il égrène au fil des pages.