Roman d’Emily Ruskovich.
De 1995 à 2025 s’entremêlent les destins de Wade, Jenny et Ann. Les deux premiers étaient les heureux parents de May et June, mais un drame inimaginable a détruit la famille. Alors que Jenny purge sa peine en s’interdisant tout ce qui pourrait la soulager, Wade a refait sa vie avec Ann. Mais à mesure qu’il perd la mémoire, Ann tente de reconstituer le terrible évènement de l’été 1995 et de maintenir vivante la famille disparue de son époux. « Parce que Wade avait tout jeté – les dessins, les vêtements, les jouets –, chaque vestige accidentel prenait une importance indescriptible dans l’esprit d’Ann. » (p. 22) Puisque Wade oublie l’accident et ses filles, Ann prend le relais de la mémoire, mais aussi celui de la douleur pour ne pas que s’éteignent le souvenir des enfants, mais aussi l’espoir qu’une d’elles revienne. « Elle a pris le passé de Wade et l’a étalé devant elle, faisant de son propre avenir un retour en arrière, alors même que ce passé disparaît. Ce lent effacement, cette ligne blanche traversent l’obscurité de la mémoire de Wade, voilà ce qu’Ann suivra sa vie durant. Et, à n’en pas douter, cela la mènera jusqu’aux portes de sa propre prison secrète. » (p. 147)
Me voilà bien déçue d’être passée à côté de cette histoire, de n’avoir éprouvé quasi aucune empathie pour ces personnages meurtris. La chronologie malmenée y est pour quelque chose, car je ne comprends pas le sens de ce jeu autour de la temporalité. De mon point de vue, ça ne fait que brouiller l’image d’ensemble. En outre, il y a des arcs narratifs intéressants, mais mal exploités, comme cette somme d’argent envoyée par erreur et dont le manque semble peser, ou encore l’histoire d’Elizabeth, compagne de cellule de Jenny, qui s’ajoute à l’histoire sans vraiment s’y intégrer. Indéniablement, Emily Ruskovich écrit avec talent et elle décrit à merveille la nature rude et superbe de l’Idaho, mais ça n’a pas suffi à retenir complètement mon attention et j’ai survolé les derniers chapitres.