Le pouvoir du chien

Roman de Thomas Savage.

Phil et George Burbank gèrent le ranch familial depuis des années. Ces deux vieux garçons ont instauré une routine immuable pour chaque jour, chaque saison. L’aîné, Phil, est un quarantenaire flamboyant, perspicace et au caractère dur et tranchant. « Mon Dieu, comme Phil aimait taper sur les nerfs des gens ! » (p. 11) George est plus taciturne et introverti, mais tout autant respecté par les hommes qui travaillent au ranch. Le jour où George épouse la veuve d’un médecin et l’installe au ranch avec son fils Peter, un gamin malingre, Phil accuse sa belle-sœur de vouloir dépouiller la famille.  « Elle annonçait peut-être la fin du monde tel que Phil le connaissait. » (p. 86) Phil accable Rose et Peter de son mépris glacial et cinglant : si la première s’affaiblit physiquement dans cette promiscuité hostile, le second nourrit des ambitions qui pourraient bien déstabiliser l’odieux rancher. « Je te dirais, Peter, de ne jamais faire attention à ce que disent les gens. On ne connaît jamais le cœur d’autrui. » (p. 86)

Si vous aimez l’œuvre de John Steinbeck, si vous avez vibré à la lecture d’À l’Est d’Eden, vous aimerez ce roman de Thomas Savage : il est simple et même évident d’envisager une filiation littéraire entre l’immense Steinbeck et l’auteur du Pouvoir du chien. Thomas Savage déploie un style riche et profond, avec un vrai talent d’évocation et de description des choses matérielles et immatérielles. Avez-vous déjà lu une image plus belle et plus juste du temps qui passe sans que l’on n’y puisse rien ? « Les pavots fleurirent, fanèrent et moururent ; le vent d’hiver hurlait depuis les lointaines montagnes ; puis la neige disparut à nouveau du sol, les pavots sortirent de terre et fleurirent encore, fanèrent et moururent. » (p. 36) La fin du roman est brutale et incisive comme la chute d’un couperet : tout est dit en une phrase, tout est consommé. Et tout est parfait.

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