Quatrième de couverture – Trois voix puissantes, toutes liées au théâtre, à la féminité, au chamanisme et à la mort. Dans un pays de montagnes et de désert, une petite troupe itinérante est attaquée par des bandits. Bien vite, l’unique survivante est entraînée dans la vie criminelle et sauvage de ses ravisseurs. Esclave sexuelle d’un chef, elle reste obsédée par un cantopéra composé de vociférations magiques qui s’adressent à toutes les petites sœurs du malheur et qui les guident vers l’apaisement, vers l’art de mourir ou vers d’autres mondes. La deuxième voix reprend intégralement le texte de la pièce étrange qui habite la comédienne. La troisième voix répond aux deux autres. Elle raconte en une seule longue phrase sorcière le parcours sans fin, de renaissance en renaissance, d’un être sans genre, tantôt masculin, tantôt féminin, qui erre dans l’espace noir. Des aventures violentes et démoniaques, marquées par une sexualité délirante mais aussi par la nostalgie de la déclamation, de la parole et du souffle. Et de la survie coûte que coûte.
Pourquoi me réfugier derrière la quatrième de couverture ? Parce qu’elle en dit suffisamment sans en dire trop. Oui, c’est un métier de rédiger les quatrièmes de couverture… Et aussi parce que j’ai tant aimé ce roman que j’ai peur d’en parler et de ne pas vous donner suffisamment envie d’y plonger. Ça parle de férocité, de femme, de violence, de liberté, de barbarie, de théâtre et de sorcellerie. Il est question d’un enlèvement, d’un homme vieux de plusieurs dizaines de siècles, du pouvoir de la voix et de l’incantation. C’est une fable politique, une chronique sociale, une dystopie terrifiante, un conte légendaire. C’est une création originale, une exploration inédite de la langue, une proposition étonnante. Trop d’épithètes, peut-être, dans mes quelques mots. Fiez-vous aux extraits qui suivent. Lisez-les à voix haute et soyez convaincus !
« Ils nous faisaient pratiquer le théâtre beaucoup plus comme une cérémonie humblement chamanique destinée à reproduire de très vieilles prières intérieures que comme une activité susceptible de nous procurer quelques aumônes. » (p. 12)
« Des vociférations venues d’ailleurs, hurlées ou chuchotées par des femmes, par des créatures féminines, en tout cas, et destinées à des femmes en partance pour on ne sait quelle guerre radicale, en tout cas pour l’ailleurs, pour la mort et pour l’enfer. » (p. 15 & 16)
« Luttez contre votre tendance à la formule. Elle ne sert à rien. Elle n’apporte rien. » (p. 45)
« C’était comme ça, un de ces rares moments où la parole crée du temps, de l’espace en même temps que la mort du temps et de l’espace. » (p. 59)
« Les contraires n’existaient plus. C’est vous qui avez tardé à comprendre. Après le décès, les contraires n’existent plus. C’est bien connu. » (p. 75)