Roman de Lola Nicolle. À paraître le 22 août 2019.
« J’essayais de t’impressionner, mais tu ne m’écoutais pas, je le voyais bien. J’ai parlé vite pour combler ma gêne, coupé les mots en deux. Tu m’as embrassée. L’histoire débute sur une phrase jamais terminée. » (p. 11) Raphaëlle, la narratrice, raconte son bel amour avec Antoine, leurs années étudiantes et le début de la vie active. Mais ce roman, un peu comme l’annonce le titre, est surtout la chronique d’une séparation annoncée. Elle s’écrit au rythme d’une bande-son qui mêle musique populaire française et rap énergique. C’est un fond sonore un peu vain, que tout le monde entend sans vraiment l’écouter, comme dans les fêtes qui toujours finissent. « En arrivant sur la rive, tu m’avais murmuré : cette femme qui serait ma vie, je croyais que c’était toi. /, Mais j’étais seulement la femme de la mienne. Et nous en étions restés là, chacun pour soi. » (p. 137)
Avec ce premier roman, Lola Nicolle fait montre d’un talent à suivre, même si je déplore une tendance un peu artificielle à filer trop longtemps les métaphores. Mais je salue les très belles images qu’elle invente pour parler de l’amour, du plaisir et du désir. Avec simplicité et élégance, l’autrice dépeint les ravages silencieux du temps sur les espoirs et les ambitions.
Et quelques jolies phrases pour vous mettre en appétit.
« Longtemps, nous sommes restés au milieu de l’appartement, dans le creux de nos bras et dans ceux de la nuit. » (p. 28)
« La nuit tombait et dans nos corps, tu excellais. Tu anéantissais mes préjugés. Tu me cueillais là où jamais personne n’avait été, me dominais. » (p. 40)
« Tomber-amoureux, verbe du premier groupe : avoir la sensation que la conversation avec une autre personne est illimitée, et souhaiter que la discussion, sans cesse, se poursuive. Apprécier les silences, les chérir. » (p. 60)
Lu dans le cadre du prix Au coin de la Place Ronde 2019.