Roman d’Ingrid Seyman. À paraître le 22 août.
Esther s’est toujours sentie en décalage avec sa famille. Face à ses parents de gauche, libertaires, juifs et adeptes du nudisme, elle a développé une obsession de l’ordre, qui ne fait que s’accroître quand elle entre dans une école catholique. Espérant jour après jour que ses parents finiront par divorcer, Esther apprend que la vie se plaît à faire des dégâts collatéraux et à tirer des balles perdues.
Cette histoire m’a rappelé En attendant Bojangles, ou quand les doux dingues sont surtout dingues, voire fous dangereux. Les manies du père n’ont plus rien d’excentrique quand elles déclenchent des crises de rage incontrôlables. « En fait, Babeth n’avait qu’un seul défaut : mon père. À cause de lui, elle était capable de dire (et de penser) à peu près tout et son contraire. » (p. 55) Pas étonnant que la gamine se réfugie dans l’ordre et la rigueur, seule façon de faire tenir son monde, monde dont des pans entiers s’effondrent régulièrement sous les explosions paternelles.
Le premier roman d’Ingrid Seyman repose sur un style simple, mais vif. On ne badine pas avec la douleur ici : on l’expose crument, voire on la dissèque pour mieux la comprendre et la contrôler. Bien moins léger que ce que laissent entendre les premières lignes de la quatrième de couverture, La petite conformiste est la fable grave d’une enfance qui se heurte à la violence des amours imparfaites.
Lu dans le cadre du prix Au coin de la Place Ronde 2019.