Un monde d’après, menacé par un virus qu’apportent les oiseaux. « Comme si le monde avait été éteint en quelques jours, balayé par une plume. » (p. 11) Une famille de survivants dans la montagne, dans le Sanctuaire patiemment construit et farouchement protégé. Le père qui souvent part dans la vallée chercher tout ce qui peut améliorer le quotidien. La mère qui parle sans cesse du passé et des choses perdues. Et deux filles : l’aînée qui rage que son adolescence lui ait été dérobée par la catastrophe, et la cadette née dans la montagne qui n’envisage aucun autre monde. Cette existence de survie, de bric et de broc, et de peurs tenaces va changer rapidement, avec les premières transgressions et la curiosité. Qu’y a-t-il au-delà de la mine de sel, de la frontière invisible imposée par le père, dans le monde inaccessible de la vallée ?
En moins de 90 pages, l’autrice bâtit un univers solide, cohérent et crédible. J’ai très vite anticipé le dénouement, mais j’ai dévoré la lecture avec un plaisir intact. La jeune Gemma est fascinante d’entêtement et de courage face à l’inconnu. Ce court roman de survivalisme m’a rappelé Dans la forêt, mais surtout les meilleurs textes de David Vann quand il écrit sur la toxicité de la famille. Le Sanctuaire est une claque de la rentrée, et j’ai évidemment été très sensible à la position antispéciste du texte.