« Pour les quelques génies que nous connaissons, combien de sacrifiés ? Qu’est-ce qui peut bien faire la différence ? Le talent ? Le travail ? La chance ? Probablement un peu des trois. » (p. 26) Pour répondre à cette question, le journaliste décide de suivre pendant un an l’équipe des moins de 15 ans d’un club de football en région parisienne, le Red Star de Saint-Ouen. De vestiaires en entraînements en passant par tous les week-ends de matches, Basile de Bure s’attache à Jhon, Nadir, Esaïe, Mahamadou, Sean, Anis et à tous ces gamins qui vivent pour le football. Leur scolarité est rarement réussie et leur vie familiale rarement simple, mais avec pudeur et acharnement, ces petits prodiges du ballon rond donnent tout sur le terrain. Ils écoutent leur entraîneur, Foued, et acceptent ses règles, sa discipline et sa rigueur. « Je commence à comprendre l’exigence de Foued : à ses yeux, son équipe est la meilleure d’Île-de-France, et c’est avec les meilleurs qu’il faut être le plus dur. » (p. 127)
Ces jeunes s’accrochent à leur objectif et à leurs crampons : les deux pieds sur terre, oui, mais la tête déjà dans les nuages. Pourquoi ne seraient-ils pas le nouveau Zidane ou le nouveau Mbappé ? Ils donnent le meilleur face aux recruteurs des grands clubs qui écument les matches pour alimenter leurs centres de formation et composer leurs futures équipes. « Grâce à la densité des populations, à la diversité de ses origines et à un tissu de clubs amateurs sans équivalents, l’Île-de-France a la réputation d’être le plus grand vivier de jeunes joueurs au monde, au même titre que la mégalopole Rio – Sao Paulo. » (p. 35) Les jeunes du Red Star sont en compétition, mais ils sont amis, soudés et comprennent les sacrifices qu’ils font au nom du ballon rond. Pour eux, le football, c’est au-delà du jeu et du sport. « Je veux en faire mon métier. Jamais je ne pourrai jouer pour le simple plaisir. » (p. 260)
C’est avec beaucoup d’émotion et de tendresse que j’ai lu ce reportage au long cours. Basile de Bure offre un ouvrage très humain et très touchant. Comme lui, on s’attache à ces petits gars, à cette génération 2004 qui, comme d’autres avant et après elle, espère une meilleure vie grâce au football et au stade. « En fait, si je ne signe pas, je pense que j’arrêterai le foot. » (p. 203)
Lu dans le cadre du prix Sport Scriptum 2020.