Lait et miel

Recueil poétique de Rupi Kaur, avec ses illustrations. Traduction de Sabine Rolland.

Décomposé en quatre chapitres – souffrir, aimer, rompre, guérir –, ce recueil de poèmes en prose s’affranchit de la ponctuation et des majuscules pour se concentrer sur les mots bruts. Les mots immédiats. Les mots sans filtre et sans fard. Ceux qu’il ne faut plus retenir.

La poétesse parle de viol et de résilience, du manque d’amour paternel, d’amour et de désir, de la force qu’il faut pour s’aimer soi-même et s’imposer face au monde et aux exigences injustes des hommes, et du grand pouvoir de la sororité. Pour avoir grandi dans le silence, elle refuse désormais de se taire, même quand il faut parler de ce qui fait mal, surtout quand c’est douloureux. La narratrice évoque l’amour qui naît et qui meurt, le deuil qu’il faut faire des relations achevées.

En bas de certains textes, sous le dernier vers se trouve le titre du poème. Et il donne un sens tout différent à ce que l’on vient de lire, il faut refaire le chemin à l’envers, reprendre le travail de lecture et de compréhension pour lire au-delà des mots.

Il n’y a parfois que 3 ou 4 lignes sur la page, mais l’immensité blanche qui s’ouvre en dessous n’est pas vide : elle est ouverte à tout ce que les quelques mots font naître chez les lecteurs, et dans mon cas, ce n’était pas loin de faire déborder la page…

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J’aurais adoré lire ce texte en édition bilingue, autant pour goûter les mots de la poétesse que pour apprécier le travail de la traductrice. Je vous laisse avec quelques extraits superbes.

« c’est ton sang dans mes veines dis-moi comment je suis censée t’oublier » (p. 16)

« l’idée que nous sommes si capables d’amour mais choisissons pourtant d’être toxiques » (p. 25)

« une fille ne devrait pas mendier une relation à son père » (p. 30)

« il n’a pas commencé par me dire que j’étais belle mais que j’étais exquise » (p. 56)

« c’est là que tu dois comprendre la différence entre vouloir et avoir besoin de / tu peux vouloir ce garçon mais tu n’en as pas besoin » (p. 90)

« je suis un musée rempli d’œuvres d’art mais tu avais les yeux fermés » (p. 104)

« les gens s’en vont mais la façon dont ils sont partis reste » (p.130)

« nous sommes tous nés si beaux / la plus grande tragédie est d’être convaincus que nous ne le sommes pas » (p. 187)

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