Roman graphique de Nicolas Barral.
Août 1968. Depuis quarante ans, la dictature de Salazar étouffe le Portugal. Mais on dit que la santé de l’homme est très mauvaise. « Tout le monde devrait foutre le camp d’ici… et surtout que le dernier à partir pense bien à éteindre la lumière ! » (p. 48) Fernando Pais est médecin. Il mène la vie tranquille d’un célibataire sans souci. Certes, il passe souvent à la PIDE pour donner des soins à un officier et croise ainsi des victimes des méthodes brutales de la police, mais il ne se mêle pas de politique. Ou plutôt, il ne s’en mêle plus depuis qu’il a dû lui sacrifier son grand amour. Témoin de la bêtise d’un gamin révolutionnaire qui veut venger un drame familial, Fernando secoue son lourd passé et retrouve l’espoir d’une autre existence. « N’ayant jamais connu que la dictature, nous avons appris à nous contenter du bonheur que Salazar nous octroie. » (p. 119)
Construit sur une alternance entre le présent et les souvenirs, cet ouvrage est une merveille de légèreté feinte et factice. Les fantômes y sont omniprésents et la douleur est sourde, fichée de longue date dans des cœurs qui ont appris à battre moins fort pour se préserver. Le réveil politique et humain de Fernando est touchant et donne la preuve que rien, jamais, n’est perdu.
Moi qui ne connais franchement pas grand-chose du Portugal, j’ai glissé sans peine dans cette histoire aux couleurs chaudes et aux sujets glaçants. Ce roman graphique brosse un panorama simple d’une période de l’histoire portugaise et m’a donné envie d’en savoir plus.