En 1993, Toni Morrison a reçu le prix Nobel de littérature. Comme c’est l’usage pour chaque lauréat, elle a prononcé un discours à l’occasion de la remise de ce prix. En quelques dizaines de pages, elle développe un texte aux allures de conte africain. « Ce qui inquiète cette femme, c’est que la langue dans laquelle elle rêve, la langue qu’elle a reçue à la naissance, se retrouve manipulée, exploitée, confisquée même, à des fins scélérates. » (p. 11 & 12) Il est question d’une très vieille femme noire, aussi aveugle que sage. Et il est question des jeunes générations, des générations futures. Évidemment, il est question du langage, de l’écriture et de la façon dont la littérature doit être utilisée pour faire sens et faire communauté. « Nous sommes mortels. C’est peut-être cela, le sens de la vie. Mais nous sommes source de langage. C’est peut-être cela, la mesure de notre existence. » (p. 25)
En peu de phrases et beaucoup d’images, Toni Morrison prouve s’il en était besoin qu’elle méritait amplement le prix Nobel de littérature. Je ne peux que vous conseiller la lecture de son discours, mais surtout de son œuvre.