Mary-Katherine et Constance Blackwood vivent avec leur vieil oncle Julian dans la grande maison familiale, loin de la ville, isolées dans une terreur qui a pris racine après le retentissant procès pour meurtre qui a agité leur famille. « Les gens du village nous haïssent depuis toujours. » (p. 8) Quand elle n’est pas obligée de descendre en ville pour ravitailler la maison, la très jeune Mary-Katherine passe sa journée en jeux et manies d’enfant, tandis que Constance veille au fonctionnement millimétré de la maison et aux soins de l’oncle grabataire. Les deux sœurs font tout pour se préserver des rumeurs et du scandale, mais la journée funeste qui a précipité leur destin est sans cesse ressassée par Julian qui, bien que sénile, se veut le témoin fidèle des événements. « Nous ne demandons rien à personne. N’oublie jamais ça. » (p. 27) L’arrivée inopportune et intéressée du cousin Charles Blackwood bouleverse le quotidien reclus de la maison.
Entre candeur et cruauté, ce roman gothique distille tout au long des pages un malaise constant. Entre ces deux sœurs liées à tout jamais par un secret terrible, la folie guette, nourrie par les obsessions et la solitude. Shirley Jackson m’a déjà délicieusement angoissée avec La loterie et autres contes noirs. Même plaisir avec ce roman que j’ai dévoré en une matinée !