Eleanor Oliphant est franchement bizarre. Elle a 30 ans, un emploi très monotone de comptable, une relation toxique avec sa mère, des cicatrices sur le visage, aucun ami et elle consacre ses week-ends à boire lentement 2 bouteilles de vodka. « J’ai parfois le sentiment que je ne suis pas là, que je suis le fruit de mon imagination. » (p. 8) Jusqu’au soir où elle rencontre l’homme de sa vie : il est beau, il chante dans un groupe de rock, il est fascinant. Pour lui, elle voudrait devenir une femme présentable, mais elle ne sait pas par où commencer. Grâce à l’attention simple de son collègue Raymond et à la rencontre d’un vieil homme dans la rue, Eleanor redécouvre le sel et la douceur des interactions humaines, réussies et amicales. « J’avais l’impression que tout se précipitait, ces derniers temps, que j’étais happée par un tourbillon de possibles. » (p. 172) Elle s’ouvre à un monde qu’elle avait choisi d’ignorer et se plaît à penser que chaque progrès la rapproche de l’homme de sa vie. Mais rien ne change comme par magie : pour aller vraiment mieux, Eleanor devra aller fouiller dans les décombres de son passé et pardonner ce qui peut l’être. « À quoi pouvais-je bien servir ? Je ne contribuais à rien en ce monde, à rien du tout, et je n’en retirais rien non plus. Quand je cesserais d’exister, personne ne le remarquerait. » (p. 237) Ce n’est qu’en explorant au plus profond le traumatisme de son enfance qu’Eleanor pourra s’en libérer.
Je n’attendais rien de ce roman et je l’ai même commencé avec un léger a priori négatif. Mais les premières pages m’ont touchée. L’héroïne aime, comme moi, déambuler dans les rayons des supermarchés. Elle aime les mêmes classiques anglais que moi. L’histoire est bien construite, en 2 parties qui s’articulent intelligemment. Et le message général ne pouvait que me convaincre puisque j’essaie de le vivre au quotidien : la gentillesse envers les autres est une bénédiction. Reste à l’accepter quand ce sont les autres qui vous l’offrent.