La jeune Elfride Swancourt s’éprend de Stephen Smith, l’architecte venu réparer l’église où officie son père. Mais ce dernier s’oppose au mariage des jeunes gens, jugeant la position de Stephen trop inférieure. Après une fuite avortée et un mariage clandestin repoussé, Elfridge décide d’attendre le retour de son fiancé secret et une amélioration du caractère de son père. Sa rencontre avec Henri Knight, ancien précepteur et ami de Stephen, bouleverse cette tranquille résolution. « L’amour meurt fréquemment sous le seul effet du temps qui passe, mais beaucoup plus souvent par suite d’un remplacement. » (p. 332) Auquel des deux hommes Elfride choisira-t-elle finalement de s’unir ?
Le titre est un hommage rendu au regard de l’héroïne. « Ses yeux la résumaient tout entière ; il n’était pas besoin de chercher plus loin, c’est là qu’était sa vie. » (p. 10) Dans ce portrait de femme aux airs de récit initiatique, Thomas Hardy traite des thèmes que j’ai déjà appréciés dans d’autres de ses romans : la différence de condition sociale dans Jude l’obscur, l’amour trahi et l’obsession du lignage dans Tess d’Urberville ou encore l’hésitation d’une femme entre deux amours dans Loin de la foule déchaînée. J’ai retrouvé la finesse d’analyse de l’auteur dans ce roman et son talent indéniable pour peindre les errements du cœur. Auteur tragique s’il en est, Thomas Hardy accorde rarement le repos de l’âme à ses protagonistes : ce n’est pas tant pour édifier ses lecteurs que pour traduire la vérité crue et cruelle du monde.