Manga de Kaoru Mori.
Henry Smith poursuit son voyage en Asie centrale. Il arrive dans une ville où les femmes sont voilées et ne quittent pas leurs appartements quand des invités, surtout étrangers, entrent dans la maison. Dans ce volume, l’histoire s’attache à Anis, jeune épouse et jeune mère, mariée à un homme bon et riche, heureuse mais très seule dans sa grande maison. Sa servante lui conseille de se rendre au hammam des femmes pour trouver de la compagnie. Là-bas, dans les vapeurs des bains, elle rencontre la sculpturale Shirin, tout aussi solitaire qu’elle. Les deux femmes se lient d’amitié au point de devenir des épouses conjointes, tradition méconnue dans laquelle, après une cérémonie, des femmes déjà mariées et mères se jurent une amitié indéfectible et un soutien sans condition. « Partager sa vie avec sa sœur ouvrira les portes du paradis le jour du jugement. » (p. 121 »
J’ai beaucoup apprécié ce tome qui prend le temps de se consacrer à d’autres femmes et d’autres formes de mariage. Henry Smith, dans son périple sur les routes de Perse, est un excellent prétexte pour nous faire découvrir des traditions maritales différentes. « Tant qu’on est en mesure de leur offrir un traitement égal, on peut avoir jusqu’à quatre femmes. » (p. 162) J’ai retrouvé avec plaisir Amir dans le dernier chapitre, mais je ne doutais pas que l’autrice ne resterait pas longtemps éloignée de sa protagoniste. Je retiens surtout de ce volume les magnifiques nus féminins dans les scènes de bain. Seul bémol, les corps sont très normés : de la très gracile Anis à la pulpeuse Shirin, il y a peu de place pour les corps vieux ou gros. Cependant, l’autrice/dessinatrice montre ces physionomies dénudées sans voyeurisme ni male gaze : ce sont simplement des corps beaux, sans désir projeté ou envahissant.