Depuis l’Éveil et la Promesse de séparation, les humains et les robots vivent sans se côtoyer. Les premiers occupent les 50 % de la planète alloués à l’humanité, les seconds les 50 % laissés à la nature. Quand Frœur Dex quitte son monastère tranquille pour devenir un moine du thé, servant itinérant qui réconforte avec des boissons chaudes, il ne se doute pas qu’il sera l’artisan des retrouvailles. « Dex voulait habiter un lieu qui s’étendait au lieu de s’élever. » En proie à une crise existentielle et spirituelle, le moine solitaire quitte les chemins balisés et s’enfonce dans les bois. Il y rencontre Omphale, robot conscient qui cherche ce dont l’humanité a besoin. « Vous et moi… sommes le premier être humain… et le premier robot… qui nous parlons depuis toujours. » Les deux compères de hasard cheminent ensemble dans les bois et explorent des grottes et des usines abandonnées, discutant de ce qui les différencie et de ce qui les unit. « Vous étiez fiers de nous qui avions transcendé notre but, et fiers de vous qui aviez respecté notre individualité. »
Dans ce monde apaisé, où le respect de la nature et du vivant est la valeur suprême, il est simple de croire à l’utopie. « On a du mal à concevoir que les constructions humaines sont conquises sur la nature, qu’elles s’y superposent, que les lieux humains existent dans les interstices de la nature et non l’inverse. » Il n’est plus question de produire à outrance ou de capitaliser au-delà du raisonnable. Chacun reçoit selon ses besoins et donne selon ses moyens. Les robots, isolés depuis des siècles dans la nature sauvage, ont développé une philosophie durable et respectueuse du cycle du vivant. Ce qui peut être réparé l’est, sinon le temps fait son office, même sur des machines potentiellement immortelles. Les deux populations, humaines et mécaniques, peuvent envisager de cohabiter dans une inclusivité déjà globale. « Nous n’avons pas besoin d’appartenir à la même catégorie pour être égaux en dignité. » Le premier tome des Histoires de moine et de robot est l’heureuse rencontre d’Isaac Asimov et Thomas Moore : cela donne un roman léger, joyeux et tendre.
De la même autrice, j’avais lu Apprendre si par bonheur qui m’avait moins convaincue que cette jolie fable positive et inclusive.